Fédération de l'Oise

Fédération de l'Oise
Accueil
 
 

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du samedi 23 octobre 1920

L'Humanité, journal socialiste quotidien

À partir du site internet Gallica, de la Bibliothèque nationale de France

 

L'Humanité du samedi 23 octobre 1920

 

 

LES LEÇONS DU CONGRÈS DE HALLE

Dans notre Parti, où les divisions s'accusent, on fut d'accord, je crois, dès le retour des délégations allemande et française en Russie, pour dire que le Congrès des Indépendants qui devait précéder le nôtre aurait, sur les décisions ultérieures du socialisme en France, une grosse influence.

Soyons francs : les adversaires de l'adhésion à la IIIe Internationale ont beaucoup compté sur les Indépendants d'Allemagne.

Les premières informations - dont nous avons le droit de dire, pour le moins, qu'elles ne furent pas perspicaces - montraient les masses socialistes allemandes « soulevées contre les conditions de Moscou ». On annonçait, comme un événement presque certain, le refus de l'adhésion par le Congrès de Halle. Et s'appuyant sur ces pronostics et sur des nouvelles du même genre venues de différents pays, certains camarades, de très bonne foi, écrivaient que « toute l'Internationale se dressait contre les 21 conditions ».

Nous voilà devant le fait : à une majorité considérable l'U. S. P. D. a décidé l'adhésion à la IIIe Internationale. II a accepté les 21 conditions. Il a décidé de se fondre avec l'organisation spartakiste, pour fonder le grand Parti Communiste d'Allemagne,

Souhaitons que nos contradicteurs (et je parle pour ceux qui sont séparés de nous, je veux le croire, par de simples malentendus) comprennent l'éloquence de ce fait et se rendent compte que désormais l'adhésion du Parti français à la IIIe Internationale est certaine. Notre prochain Congrès répondra à celui de Halle, comme le Congrès de Strasbourg a répondu au Congrès de Leipzig.

Si cette conviction pénètre dans le cerveau de certains hommes et les persuade de ne plus s'obstiner dans une lutte au bout de laquelle il ne peut y avoir que défaites, déchirements, douleurs pour les individus et destruction des œuvres socialistes, il nous sera peut-être permis de poser le problème dans les termes les plus favorables.

Le Congrès de Halle comporte, en effet, deux leçons. Je viens de dire la première, qui est la réponse magnifique du prolétariat allemand à ceux qui avaient douté de sa volonté d'union avec l'internationale édifiée par la Révolution russe.

Le socialisme français doit faire sienne cette grande leçon.

Mais il nous vient, du Congrès de Halle, un autre exemple, celui de la scission du Parti, et ici de lourdes responsabilités se posent.

Encore une fois, soyons francs : certains citoyens ont déjà fait connaître, par une lettre adressée à la C. A. P. et que la presse bourgeoise a publiée, qu'ils étalent résolus à quitter notre Parti si celui-ci donnait son adhésion à la IIIe Internationale. Si leur décision est prise, inutile d'insister. Ajoutons que la situation paraît réglée aussi pour tous ceux qui sont nettement hostiles à l'adhésion, aux thèses de Moscou, aux conditions examinées d'ensemble et en principe, et qui ne sentent pas en eux la force de renouvellement qui puise sa source dans cette volonté de servir quand même le Parti, de s'incliner devant ses décisions toujours, qui, plus encore que le génie, éleva Jaurès, après Amsterdam, où il fut condamné, au-dessus du socialisme universel.

Mais il est d'autres camarades qui affirment qu'ils veulent et ont toujours voulu l'union avec Moscou, qui acceptent, d'une manière générale les thèses de l'Internationale Communiste, qui ne formulent contre les conditions d'admission que des objections spéciales et des « réserves », qui surtout, à l'encontre des premiers, détracteurs passionnés du régime des Soviets et de la dictature bolcheviste, prennent à leur compte la parole de Longuet au Congrès de Halle :

« Plutôt que d'écrire un mot qui pourrait servir contre la Révolution russe, j'aimerais mieux me couper la main. »

Que vont faire ces camarades ? Ils ont devant eux l'exemple de Crispien et de Dittmann, quittant le Parti Indépendant, parce que celui-ci a voté l'adhésion à la IIIe internationale. Est-il possible qu'ils le suivent et, sous prétexte qu'ils n'acceptent pas toutes les conditions, ou que la thèse sur le parlementarisme, leur paraît trop étroite, qu'ils se rebellent, eux aussi, contre la décision du Parti, l'abandonnent, faisant cause commune avec le dernier carré des socialistes de guerre et les ennemis irréductibles de la République des Soviets ?

Je ne puis le croire, mais cette question redoutable est posée, non par le signataire de ces lignes, mais par l'Internationale Communiste et l'opinion socialiste mondiale.

Certes, tous les bons camarades souhaiteront que la réponse faite permette au Parti français de ne pas imiter le deuxième exemple donné au Congrès de Halle par la large amputation qui y a été opérée.

Adhérer à l'Internationale Communiste et conserver dans la section française de celle-ci tous les socialistes sincères et disciplinés, c'est le double but que nous nous proposons.

Aucun effort ne coûtera à cet égard au groupe au nom duquel je parle plus spécialement ici.

La motion que les partisans résolus de l'adhésion présenteront au vote du Parti, en plein accord avec l'Internationale Communiste, réservera soigneusement la liberté de décision des camarades auxquels je tais allusion.

Il sera donc impossible de déplacer les responsabilités.

Dans ces conditions, il est permis d'espérer que nous éviterons de suivre le deuxième exemple. qui nous vient de Halle ; que seuls les adversaires irréductibles de la IIIe Internationale, des méthodes bolchevistes et de toute action vraiment révolutionnaire pourront répéter le geste de Crispien, et que, dans notre Parti affilié à l'organisation de Moscou demeureront toutes les forcer socialistes pures. Elles s'augmenteront bientôt d'ailleurs de précieuses et nombreuses recrues puisées dans les masses profondes des ouvriers révolutionnaires qu'une politique trop hésitante avait jusqu'ici écartée de nous.

 

Daniel RENOULT.

 

----

 

LA PROPAGANDE

Dans le Pas-de-Calais

Hénin-Liétard, 21 octobre. (De notre correspondant.) - Une tournée de propagande est faite en ce moment par notre ami Vaillant-Couturier dans le bassin houiller du Pas-de-Calais.

À Hénin-Liétard, à Hames, à Noyelle-Godeault, l'adhésion à l'Internationale communiste a été acclamée par un publie composé surtout d'ouvriers mineurs qui ne cachent pas leur volonté d'une action politique et syndicale énergiquement orientée à gauche.

Notre ami parlera à Auchel, à Béthune et, samedi, à Sains-en-Gohelle et Noeux-les-Mines. Nul doute que ces communes ne fassent un accueil chaleureux à l'orateur, qui trouvera un public hostile aux pratiques trop usées du réformisme et de l'opportunisme,

À Limoges

Jeudi soir, la section de Limoges (qui comprend 1 100 membres) s'est réunie sous la présidence du citoyen Chauly pour entendre l'exposé du citoyen Marcel Cachin sur l'adhésion à la IIIe internationale.

Notre camarade a reçu le meilleur accueil des socialistes de Limoges. Le citoyen Jean Parvy a présenté quelques observations et réserves. Assistaient à la réunion les camarades Bouthannier et Delagrange, de Périgueux, qui la veilla avaient donné à Saint-Jumin, avec Jean Parvy, une réunion publique sur le même sujet de la IIIe Internationale.

 

----

 

COMMUNICATIONS

PARTI SOCIALISTE

20e Section. - Demain, Congrès des 4 groupes, à la Bellevilloise. Le matin de 8h30 à midi, seuls les camarades L. Blum, Ribaut et Renaudel prendront la parole. L'après-midi de 14 à 18 heures, discussion entre les membres de la Section. Le vote aura lieu de 16 à 18 heures. Pour voter, les camarades sont priés de se mettre à jour de leurs cotisations. Les trésoriers sa tiendront en permanence.

Grand-Montrouge. - Le trésorier rappelle aux camarades qu'ils doivent être à jour de leurs cotisations pour pouvoir prendre part aux votes sur l'orientation du Parti ; il se tiendra à leur disposition à la réunion du groupe, ce soir à 20h30.

 

----

 

« BULLETIN COMMUNISTE »

Dans le prochain numéro du BULLETIN COMMUNISTE, qui paraîtra sur trente-deux pages, on lira le texte officiel, intégral et exact, des Résolutions (thèses) du 2e congrès de l'Internationale Communiste. Un tirage supplémentaire de ce numéro exceptionnel ne permettra cependant pas de satisfaire à toutes les demandes. Les amateurs sont priés de retenir leur exemplaire.

Dans le dernier BULLETIN COMMUNISTE, on lira : La Victoire de la Gauche allemande (Varine) ; Les Conditions de Moscou (Réponse aux objections de Pressemane), Paul Vaillant-Couturier ; Un discours de Zinoviev aa Congrès de Moscou ; le Populaire à l'index ; Héros et Martyrs du Comanunisme : Oscar Lévay (Buda) ; Chronique Internationale : Russie, Pologne (Varsov), etc.

Signalons encore, au sommaire de l'avant-dernier numéro du BULLETIN COMMUNISTE le brillant discours de Trotsky au Congrès de Moscou ; L'Adhésion a la IIIe Internationale en Amérique (John Reed), etc.

On voit que le BULLETIN COMMUNISTE est le complément indispensable des journaux quotidiens, pour tout socialiste sérieux et réfléchi, qui étudie et s'intéresse au mouvement international.

Le numéro : 50 centimes. En vente à l'Humanité.

Abonnements : trois mois, 7 francs ; six mois, 14 francs ; un an, 23 francs.

Administration : René Reynaud, 123, rue Montmartre, Paris.

 

----

 

Au Congrès de Halle

Le discours de Martov

Berlin, 16 octobre (par lettre de notre correspondant). - À la Séance de l'après-midi, Martov, empêché de parler par une extinction de voix, fait lire son discoure par Stein, de la Freiheit. Voici ce discours :

Les dirigeants de la IIIe Internationale savent très bien que leur pire ennemi est parmi les gens du centre où sont les véritables marxistes révolutionnaires, et c'est à juste titre que Lénine a dit récemment : Daumig est plus dangereux pour nous que Scheidemann. La plupart du temps, voici ce qui se passe dans la IIIe Internationale : le gouvernement russe donne des ordres et elle les recouvre de son estampille. Ce n'est pas sans raison que de grands partis européens comme les partis italien, norvégien, suédois ont prétendu défendre leur vie intérieure de l'influence russe et dit que les indépendants désirent entrer dans la IIIe Internationale pour y briser la dictature russe. Pour les bolcheviks il est devenu nécessaire d'élever un mur solide contre les partis voulant entrer avec des droits égaux.

Les 21 conditions ont fait tant de tapage qu'on n'a pas fait attention à ce qui se passait au même moment. L'armée rouge approchait alors de Varsovie. Les bolcheviks ont alors traîné la paix en longueur pour provoquer artificiellement une révolution en Pologne et déchaîner une furie guerrière en Allemagne et en Autriche. Dans cette question capitale, ni le peuple russe, ni la IIIe Internationale n'ont été consultés ; le parti communiste russe seul a fait cette politique. Le résultat a été la faillite complète de la classe ouvrière polonaise et la paix effroyable de Riga.

Il est faux de dire que la révolution mondiale est imminente. Les conditions économiques de l'Occident n'y sont pas favorables.

Quand ils parlent de la Révolution mondiale, les bolcheviks ne veulent que conserver leur pouvoir, sans considération sur ce qui peut advenir aux intéressés.

Le fait que l'Internationale n'est pas consultée dans les questions importantes fait tomber les bolcheviks dans une politique d'illusions. La politique orientale du gouvernement russe n'a jamais été soumise au contrôle de la IIIe Internationale.

C'est un fait historique que les peuples de l'Orient ont été réveillés par la Révolution russe, mais il se déroule de nouveaux problèmes qui doivent être traités devant toute l'Internationale. Les crimes d'Enver Pacha, le nouvel allié du gouvernement russe, qui a massacré un million d'Arméniens, ont été plus vite pardonnés que les « crimes » de Smillie et d'Hilferding !

Cependant les bolcheviks se reconnaissent le droit de former des gouvernements de coalition avec les bourgeois. Ils ont formé en Sibérie un cabinet de cadets, de libéraux, de socialistes de droite et de communistes !

La terreur en Russie n'est pas ce que dit Zinoviev ; elle est un moyen d'empêcher les autres d'exprimer leurs opinions, et elle s'exerce aussi bien contre les socialistes que contre les ennemis de la Révolution. Nous demandons aux camarades d'Europe de déclarer que la terreur n'est pas permise, même pour la Russie.

Le temps est venu d'étaiblir que les chefs de la révolution paysanne russe ne peuvent pas être les libérateurs du prolétariat de l'Europe occidentale. L'Internationale ne peut pas être établie par ceux qui célèbrent une anarchie rétrograde. Puisse le parti indépendant d'Allemagne uni rester à la tête de l'Internationale socialiste révolutionnaire !

 

La réponse de Losovski

Losovski, qui succède à Martov, discute longuement avec lui la situation russe. Il aborde ensuite la question de l'Internationale et dit qu'on doit choisir entre Amsterdam et Moscou.

L'an dernier, au Congrès de l'Internationale syndicale, Appleton et Jouhaux ont accusé les syndicats allemands de trahison pour leur attitude pendant la guerre, mais ils se sont refusé à condamner leur propre attitude en faveur de l'impérialisme français et anglais. La Conférence de Washington a créé un Office du Travail à la tête duquel se trouve Albert Thomas : que font les syndicats allemands dans cette organisation soutenue par l'argent de la Société des Nations ? C'est la continuation de la politique qu'ils ont pratiquée pendant la guerre.

Récemment la C. G. T. allemande s'est adressée à l'Internationale d'Amsterdam pour la prier d'intervenir auprès de l'Entente au sujet des ouvriers de Haute-Silésie. Il lui demandait d'agir pour que l'Entente retire ses troupes d'occupation. N'est-ce pas là une pure conception réformiste ? N'est-ce pas la tactique de l'union sacrée pendant la guerre que de vouloir remédier à la scission des masses par des négociations ? Legien et consorts sont liés par toute leur tactique et tous leurs sentiment[s] à la bourgeoisie internationale.

 

Ces paroles déchaînent un tumulte. - F. Caussy.

Centenaire du PCF, au jour le jour : L'Humanité du samedi 23 octobre 1920

 

 
 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)