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Je commande l'ouvrage « Maurice Thorez - Journal 1952-1964 »

 

Maurice Thorez - Journal 1952-1964

Fayard

788 pages - 34 euros

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Journal édité sous la direction de Jean-Numa Ducange et Jean Vigreux

En partenariat avec le journal l’Humanité

Entre fidélité au grand frère soviétique et passion pour la culture et la langue française, le journal de Maurice Thorez, édité pour la première fois, éclaire une page essentielle de l’histoire politique.

Maurice Thorez fut le principal dirigeant du Parti communiste français alors que celui-ci occupait une place centrale dans l’échiquier politique. Tombé malade en 1950, il est soigné en URSS et revient en France en 1953. Au cours de cette période, afin de rééduquer son bras droit un temps paralysé, il tient un journal quotidien qu’il poursuit jusqu’à sa mort.

Le secrétaire général y évoque autant les rapports de forces internationaux que ses relations personnelles et familiales, le quotidien du petit peuple comme les soubresauts de la vie politique, notamment les débuts de la Ve République et la guerre d’Algérie. Il rend compte de ses nombreuses lectures, apprend le latin, entretient sa maîtrise du russe. Dans ce document de premier ordre pour comprendre la France des années 1950-1960, on croise aussi bien Aragon, Éluard, Mauriac que Khrouchtchev, le général de Gaulle ou Pierre Mendès France.

Entre fidélité au grand frère soviétique et passion pour la culture et la langue française, ce journal, édité pour la première fois, éclaire une page essentielle de l’histoire politique tout en offrant un regard singulier sur les évolutions de la société française.

 

Article de l'Huma sur le « Journal 1954-1962 » de Maurice Thorez (et livre sur Marcel Paul)

 

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Je commande l'ouvrage « Maurice Thorez - Journal 1952-1964 »

le 26 August 2020

    L’histoire dans les cahiers intimes de Maurice Thorez

    L'Humanité du 27 juillet 2020

    Le journal du dirigeant communiste tenu au quotidien les douze dernières années de sa vie paraît pour la première fois. Jean Vigreux et Jean-Numa Ducange, qui en ont codirigé la présentation, expliquent comment ils ont travaillé sur ces écrits.

    JOURNAL 1952-1964
    Maurice Thorez
    Fayard, 788 pages, 34 euros

    Le journal, au départ conçu comme exercice après son attaque d’hémiplégie, est devenu chez Maurice Thorez une pratique quotidienne qui va durer du 25 novembre 1952 au 10 juillet 1964. Au total, le secrétaire général du PCF a écrit sur plus de cinq cahiers. Une telle source livre beaucoup sur l’homme, sa famille, son intimité, son rapport à la culture, ses amis et ses rencontres. C’est cette matière exceptionnelle pour des historiens que son fils Pierre Thorez a bien voulu mettre à disposition d’un collectif de chercheurs dirigé par Jean Vigreux et Jean-Numa Ducange afin de la présenter au public d’aujourd’hui.

     

    Le « journal de Maurice Thorez » est édité pour la première fois. Comment avez-vous eu accès à ces archives ?

    JEAN-NUMA DUCANGE ET JEAN VIGREUX Ces archives sont déposées comme l’ensemble du fonds Thorez-Vermeersch aux Archives nationales. Grâce à Pierre Thorez, nous avons eu accès à l’ensemble des éléments disponibles. Un premier projet d’édition de ce journal avait été envisagé il y a quelques années. Entre-temps, plusieurs travaux ont été réalisés à partir de ce riche fonds ; nous pensons entre autres aux thèses de Mathilde Regnaud-Nassar. Annette Wieviorka a également utilisé ce journal pour son ouvrage Maurice et Jean- nette. Biographie du couple Thorez (Fayard, 2010). Surtout, nous avons lu et relu ce journal, qui est apparu comme une source essentielle pour comprendre non seule- ment l’itinéraire d’un dirigeant communiste, son rapport à la culture et au marxisme, mais aussi à sa famille, ses amis, ses cercles d’intimes, son quotidien, ses loisirs, ses voyages... et en filigrane l’histoire du PCF et de la société française entre 1952 et 1964 (même s’il y a de nombreux retours sur des périodes antérieures comme le Front populaire), les audaces comme les impasses à propos du stalinisme. Un tel journal permet aussi de saisir l’unité d’un homme en soulignant des aspects méconnus sur ses goûts, ses loisirs.

    Ce livre-document est présenté par un collectif d’historiens : comment avez-vous travaillé sur ces écrits inédits ?

    JEAN-NUMA DUCANGE ET JEAN VIGREUX Plusieurs réunions de travail, sous forme d’ateliers, mais aussi de séminaires, ont participé à cette belle aventure. En premier lieu, il a fallu saisir le manuscrit, le retranscrire. Mêlant historiens confirmés du communisme ou jeunes doctorants, le travail s’est fait en étroite coopération avec les éditions Fayard et l’aide précieuse de Pierre Thorez et du journal l’Humanité, qui a soutenu ce projet dès le départ. Il s’agit d’un travail d’équipe, que nous avons eu l’honneur de coordonner avec Anthony Crezegut, Éloïse Dreure, Dimitri Manessis, Guillaume Roubaud-Quashie, Serge Wolikow. Nous n’oublions pas non plus l’aide précieuse des archivistes des Archives nationales, des archives du PCF (Corentin Lahu), mais aussi des archives départementales de Seine- Saint-Denis et surtout de la Maison des sciences de l’homme de Dijon (qui a mis en ligne la plupart des archives de direction du PCF, sans oublier les nombreuses revues ou journaux rendus accessibles par un travail de numérisation et d’indexation)... La première étape de ce travail a été de rendre lisible le journal : il a fallu entièrement le saisir informatiquement, puis vérifier avec l’original. La deuxième étape a consisté à préparer un appareil critique pour permettre une lecture plus facile, puis à rédiger des introductions par année avant de penser l’introduction générale.

    Quel est l’intérêt de le publier aujourd’hui ? Qu’apprend-on sur l’homme politique, sur l’homme ?

    JEAN-NUMA DUCANGE ET JEAN VIGREUX Plusieurs intérêts doivent être mentionnés ; c’est une source originale qui retrace dans un premier temps la convalescence et la ré-éducation de M. Thorez, qui a appris à écrire de la main gauche avant de pouvoir réécrire de la main droite. Son journal permet de mieux comprendre son double patriotisme : la France et l’URSS, les deux pays sont omniprésents. Surtout, le journal révèle la grande culture de Maurice Thorez : son goût pour l’art et la lecture, son amour pour la France et la langue française, ses rencontres avec Picasso et Aragon entre autres. Mais ce qui marque le lecteur du journal, c’est sa passion pour la lecture, comme en témoigne l’ampleur de sa bibliothèque aujourd’hui conservée à Ivry- sur-Seine, qui permet d’en mesurer tous les aspects (notes dans les livres, dédicaces, etc.). Il lit les classiques comme la littérature marxiste de l’époque.

    Y a-t-il des révélations ?

    JEAN-NUMA DUCANGE ET JEAN VIGREUX L’histoire sous forme de scoops ou sensationnelle n’est pas notre tasse de thé, mais il n’en demeure pas moins que plusieurs éléments peuvent être mentionnés. Le journal de Maurice Thorez, au départ conçu comme exercice de rééducation après son attaque d’hémiplégie en 1950 et ses soins en URSS, est devenu un exercice quotidien qui s’étend du 25 novembre 1952 au 10 juillet 1964. Comme tout journal, il révèle une part d’intime, de soi. Une telle source livre beaucoup sur l’homme, sa famille, sa culture, ses amis et ses rencontres.

    Pouvez-vous citer deux à trois informations nouvelles livrées par ces écrits ?

    JEAN-NUMA DUCANGE ET JEAN VIGREUX Une première anecdote concerne le fameux portrait publié par les Lettres françaises lors de la mort de Staline. Loin des soubresauts et de la crise suscitée en France, Thorez défend Aragon et Picasso. Il le fait savoir et le montre dès qu’il rentre en France (en avril 1953) : il rencontre Picasso le 22 avril... Une seconde information concerne la Chine et l’Albanie : les deux modèles communistes ont un temps « fasciné » Maurice Thorez face au modèle italien, bien plus que ce que l’on croyait. Mais une fois la rupture avec l’URSS consommée, ce fut terminé. Enfin, on peut aussi retrouver ses goûts culinaires et gastronomiques. Il aime la bonne cuisine et les bons vins. Surtout, ses voyages en voiture de la région parisienne jusque dans le Midi avant l’existence de l’autoroute du Soleil, avec l’importance des routes nationales et départementales, les villes-étapes, mais aussi le temps qu’il fait (la neige est plus abondante que de nos jours, cela participe du constat du réchauffement climatique...). Un homme qui aime la géographie, les paysages, les randonnées en famille, etc.

    En cette année du centenaire du PCF, quelle place occupe Maurice Thorez dans l’histoire du communisme français ?

    JEAN-NUMA DUCANGE ET JEAN VIGREUX Maurice Thorez a forgé pour plus de trente ans l’identité du PCF. Il occupe une place im- portante et singulière, celle du dirigeant du parti, sans oublier sa dimension d’homme d’État, il fut ministre au lendemain de la Libération. Mais ce qui importe surtout, c’est le soin qu’il apporte à dé- fendre son organisation, à la renforcer, à noter les résultats de toutes les élections, même municipales, surtout au début de la Ve République après la déroute de 1958. Au-delà du processus électoral, il mentionne avec précision les grèves et les luttes de la classe ouvrière.

    ENTRETIEN RÉALISÉ PAR PIERRE CHAILLAN

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