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Ensemble, inventons un nouveau progrès social et écologique, pour des « Jours heureux » du XXIe siècle - Beauvais, 27 mai 2020

En cette Journée nationale de la Résistance, anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance (27 mai 1943), les communistes beauvaisiens ont tenu une nouvelle fois à entretenir la mémoire des résistants et résistantes de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que celle du programme progressiste « Les Jours heureux » issu du CNR. Le Parti communiste français fut l'une des composantes majeures du CNR qui réunissait tous les partis, les syndicats et les mouvements de la Résistance.

Les camarades se sont d'abord rassemblé·e·s - dans les limites des règles imposées face au Covid-19 -, ce 27 mai devant la Sécurité sociale à Beauvais, avant d'aller déposer un œillet rouge symbolique en hommage à Jean Moulin, fondateur du CNR, assassiné par les nazis, puis un bouquet d'œillets rouges en hommage aux résistants internés, torturés, déportés, fusillés dans la Caserne Agel entre 1940 et 1944.

Cette action symbolique visait à rappeler la création de la Sécurité sociale en 1945-46, une des plus grandes conquêtes sociales du XXe siècle, prévue dans le programme du CNR « les Jours heureux », sous l'autorité du ministre communiste Ambroise Croizat, ouvrier, syndicaliste, résistant. 

Hommage à Ambroise Croizat, le seul ministre du Travail qui fut considéré par les travailleurs et travailleuses eux et elles-mêmes comme « leur » ministre (1 million de personnes à ses obsèques en 1951 !). En 2 ans, cet ouvrier qui avait commencé à travailler à13 ans, syndicaliste CGT qui anima les grandes grèves de 1936, député communiste qui vota les grandes lois sociales du Front populaire, interné de1940 à 1943 pour son combat contre le fascisme et le nazisme, devenu ministre en 1945, a accompli une œuvre considérable en seulement 2 ans : création de la Sécurité sociale, du système de retraites solidaire, des comités d'entreprise… Son nom, son action devraient être connu·e·s de toutes et tous.

Elle a donné l'occasion de faire le lien avec la crise sanitaire - et désormais sociale et économique - du Covid-19, qui appelle des réponses au niveau historique de celles de la Libération.

La crise sanitaire a démontré de manière éclatante le besoin d'un bon niveau de protection sociale pour toute la population et la nécessité de services publics forts, tels qu'ils furent mis en place à la Libération sur la base du programme du CNR. C'est pourquoi nous portons l'exigence que cessent les attaques gouvernementales et patronales contre ces conquis de la Libération, et qu'au contraire, en restant fidèle à l'esprit des résistant·e·s d'alors, on invente un nouveau progrès social et écologique, pour des « Jours heureux » du XXIe siècle.

Il faut poursuivre la mise en œuvre de ce « plan complet de Sécurité sociale » dont parlait le programme du CNR, en prenant mieux en charge et de manière universelle, tous les aléas de la vie :

  • il faut mettre en place une véritable prise en charge de la perte d'autonomie, accessible quels que soient les revenus des personnes,
  • il faut mettre en place une « sécurité sociale professionnelle », « une sécurité d'emploi et de formation » permettant à chaque personne de ne jamais se trouver au chômage mais toujours en activité ou en formation et avec un maintien de ses revenus, 
  • il faut abaisser l'âge de la retraite, renforcer le système solidaire par répartition, et garantir des pensions permettant une vie digne,
  • il faut inventer une sécurité sociale alimentaire permettant de garantir une alimentation de qualité pour chacun·e et des revenus garantis pour les producteur·rice·s…
  • Il faut, selon le principe de base de la Sécurité sociale voulu par Ambroise Croizat, que « chacun contribue selon ses moyens mais que chacun reçoive selon ses besoins ».

Il faut donc prévoir aussi de nouvelles sources de financement de la Sécurité sociale, du système de santé public, des services publics en prélevant la part nécessaire sur les richesses créées par les travailleur·euse·s et en faisant enfin contribuer les revenus financiers (ceux des actionnaires, ceux des banques et entreprises) au même taux que les salaires ce qui rapporterait immédiatement 30 milliards de plus dans les caisses de Sécurité sociale.

Voilà les quelques idées qui étaient au cœur de cette initiative, fidèles à l'esprit des résistant·e·s et des conquêtes de la Libération en agissant aujourd'hui, pour un « monde d'après » qui soit celui de l'humain et la planète d'abord et des « Jours heureux ».

« Le verbe résister se conjugue toujours au présent »

aimait à dire la grande résistante Lucie Aubrac.

 

 

Ensemble, inventons un nouveau progrès social et écologique, pour des « Jours heureux » du XXIe siècle - Beauvais, 27 mai 2020

À l'occasion de la Journée nationale de la Résistance et de la création du CNR, voici l'intervention de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord.

 

C’est ici, depuis la Place du Colonel Fabien, siège du PCF, que j’ai choisi de célébrer cette journée nationale de la Résistance.

Dans ce lieu de lumière, bâti par Oscar Niemeyer il y a 40 ans tout juste, au cœur d’une place portant le nom d’un grand Résistant, Colonel Fabien, Pierre Georges de son vrai nom, ouvrier métallurgiste et militant communiste qui fut l’auteur du premier acte de résistance armée contre un militaire allemand en août 41 puis participa, avec le Colonel Rol-Tanguy et des milliers de Résistantes et de Résistants à la Libération de Paris.

Ce 27 mai, journée nationale de la Résistance, nous célébrons surtout la création du Conseil National de la Résistance.

C'était le 27 mai 1943, en pleine guerre : huit mouvements, six partis politiques et deux centrales syndicales, s'unissaient pour coordonner la lutte contre l'ennemi et préparer l’avenir en écrivant le programme des Jours Heureux.

Nous rendons hommage, ainsi, à toutes celles et ceux qui ont combattu et souvent perdu la vie durant cette guerre, la plus meurtrière du 20eme siècle : entre 50 et 70 millions de personnes sont mortes, soit plus de 2% de la population mondiale.

Le paroxysme de la barbarie est atteint quand tuer l'ennemi ne suffit plus. Il faut l'exterminer, le rayer de la carte, au nom d'une insupportable théorie de la race et de la préférence nationale. Dans les camps de la mort du régime nazi, l'horreur se répand sans limites, au service d'une obsession démente : l'anéantissement des juifs d'Europe. 

La haine de l'autre, le refus de la différence nourrissent une bête immonde jamais rassasiée. Parce qu'ils sont juifs, tziganes, communistes, gaullistes, syndicalistes, socialistes, résistants, homosexuels ou handicapés, des hommes, des femmes, des enfants font figure de parasites à éliminer.

C'est face à cette idéologie délirante qu'une France résistante va se lever. 

Une France courageuse et déterminée, qui dit « non » à l'envahisseur et « oui » à la Liberté.

Le 18 juin 1940, alors qu’une partie de notre pays est occupée par les Allemands, le Général de Gaulle lance depuis Londres son appel à la Résistance.

La veille, en France, à Draguignan, Charles Tillon, dirigeant du PCF, lançait lui aussi l’appel au « peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, aux commerçants, artisans, intellectuels, aux soldats, aux marins, aux aviateurs encore sous les armes à s'unir dans l'action ».

Cette armée de l’ombre grandit, composée d’ouvriers, de mineurs, de fonctionnaires, d’enseignants, d’étudiants.

Ils sont gaullistes, militaires et hommes blessés de voir la nation abaissée, vendue aux ambitions d’idéologues lointains.

Ils sont hommes de foi, chrétiens, musulmans, juifs qui ne pouvaient supporter le traitement infligé à des êtres humains.

Ils sont communistes, antifascistes résolus qui avaient refusé le putsch de Franco ou la capitulation de Munich, déterminés à défendre la classe ouvrière et le bonheur commun.

Parmi eux, il y avait aussi des combattants d'origine étrangère, recrutés au sein des FTP MOI comme le poète arménien Missak Manouchian, prêts à sacrifier leur vie pour leur pays d'accueil, au nom d'un idéal partagé, celui de la liberté et de la République. Avec ses camarades, ils seront fusillés le 21 février 1944.

Ils sont l’orgueil de notre peuple qui ne plie pas devant l’abominable.

En ce 27 mai 2020, nous pensons à eux tous, d’où qu’ils viennent. La force de la nation, la liberté de la France de bâtir ses propres choix, l’indépendance nationale, s’est forgée dans ces combats.

Nous voulons aussi rappeler l'ambition portée par les membres du Conseil national de la Résistance : imaginer la France dans laquelle ils rêvaient de vivre, dans l'affirmation d'une République généreuse et solidaire, avec un programme ambitieux intitulé « Les jours Heureux ».

Deux ans après la première réunion du CNR, alors que le pays est encore en ruines, le défi est relevé.

Un gouvernement auquel participent des ministres gaullistes, communistes, de la SFIO, fait le choix de mettre en œuvre des avancées majeures, dans le sillage de celles menées, quelques années plus tôt, par le Front populaire :

  • les femmes votent pour la première fois le 29 août 1945 ;
  • la Sécurité sociale est inventée et mise en place, tout comme notre système de retraite par répartition ;
  • le gouvernement nationalise les Houillères, Renault, les banques de dépôt et la Banque de France, l’électricité et le rail ;
  • le droit à l'éducation et à la culture pour tous est instauré.

Un tel programme, mis en place au sortir d'une déflagration aussi traumatisante, fait écho à notre propre défi, à l'heure où notre pays, mis brutalement à l'arrêt par la pandémie, affronte une crise d'une ampleur inédite.

Quel chemin choisir, quand cette pandémie pointe en même temps les faillites d’un système économique qui épuise les êtres humains comme nos ressources naturelles ?

Cette journée de la Résistance porte en elle un message tellement fort cette année.

Parce que des millions de salariés, d’hommes et de femmes continuent de risquer leur vie face à ce virus microscopique, choisissant de servir le pays, soigner, nourrir, transporter, enseigner malgré tous les risques.

Je tiens à saluer le courage et la détermination du monde du travail, de toutes celles et tous ceux qui font aujourd’hui encore, la force de la nation, la fierté de notre pays.

Et c’est un défi d’aussi grande importance que notre pays doit relever aujourd’hui, celui de permettre à chacune et à chacun de vivre dignement, de se sentir protégé, de croire dans l’avenir, pour lui comme pour ses enfants.

C’est pourquoi nous appelons à ne pas céder aux sirènes qui préparent déjà aux souffrances que notre peuple devrait endurer à cause de cette pandémie, comme si nous n'avions pas les moyens, les ressources, les richesses et l’énergie de promettre, à notre tour, des Jours Heureux.

Aujourd'hui comme hier, nous devons tenir bon, être ambitieux pour notre pays, refuser de croire que le chômage et la pauvreté devraient augmenter inexorablement alors que tant tant de besoins, tant de chantiers, tant d’emplois doivent être créés, pour nos services publics, pour notre système de santé, pour notre industrie, pour protéger la biodiversité et le climat.

Nous avons tant de richesses à mettre au service du développement humain et de la planète.

La nation française est forte de son histoire, de celle de 1789 qui abolit la monarchie à celle de 1943 qui restaure la République.

Inscrivons 2020 dans ce calendrier historique qui a bâti notre identité aux yeux du monde, car à chaque fois, à chacun de ces rendez vous, c’est le peuple de France qui a fait le choix de s’unir, de reprendre en main sa souveraineté, son économie, sa liberté.

Oui, le choix que nous appelons de nos vœux, ce n'est pas celui de la sueur et des larmes. C'est au contraire celui d’une France unie et déterminée à éradiquer la pauvreté, le chômage, à relever le défi du climat.

Qui peut dire que nous n’en n’avons pas les moyens et la force ?

Car les moyens et la force de relever ces défis, de garantir le droit au bonheur et une vie digne, c’est vous, c’est chacune et chacun d’entre vous, et toutes ces richesses que nous avons aujourd’hui.

Choisissons de les mettre au service d’une société nouvelle.

Alors oui, il est temps de nous unir, de nous rassembler, dans notre plus grande diversité, d’en appeler à toutes les force progressistes, celles du monde du travail et du mouvement social.

Le Parti Communiste Français, qui fête ses 100 ans cette année, souhaite partager toujours avec vous cet idéal de paix, de solidarité et de bonheur qui ne l’a jamais quitté dans son histoire. Hier comme aujourd’hui, nous serons toujours présents pour bâtir, avec d’autres, dans l’union la plus large des Françaises et des Français, une société qui place l’être humain et la planète au cœur de tous ses choix.

 
 

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« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)