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Hommage à Bernard Laurent, résistant fusillé au Mont-Valérien-Lecture de Caroline Besse - Agnetz, 17 avril 2019

 

Paris, vendredi 17 avril 1942, 13 heures

 

Petits parents adorés, sœur chérie, cher Lucien Et toute la famille et amis chers

C’est fini, à 5 heures nous devons être exécutés, moi et 23 autres camarades.

Ma vie bien courte va se terminer bien tristement, mais c’est pour vous que j’adore que je suis bien triste. On devra vous remettre outre mon pardessus, mon pull-over et mes gants dans lesquels tu retrouveras une partie de la fleur que tu m’as envoyé et que j’ai tant embrassé, ma plaque d’identité, mon briquet, ma pipe et d’autres petites choses déposées par moi au bureau. Votre peine, va, je le regrette être immense et je veux que vous me pardonniez cette douleur.

Ma petite sœur par son petit gars ou fille vous donnera une suprême consolation, car je ne veux que votre peine soit longue, oubliez-moi vite, moi qui vous ai donné que du tourment, je vais en mourrant réparé les fautes commises et cependant j’aurai voulu autrement racheter mes fautes. Maintenant il est trop tard, et je n’ai qu’un regret n’avoir pu avant ma disparition vous serrez sur mon cœur aussi tendrement que je l’aurai voulu afin de vous montrer que votre gars malgré son mauvais caractère, vous aimez plus que tout au monde et aurait voulu avoir la joie de vous chérir dans vos vieux jours, et de vous donner des petits enfants forts et charmants, afin que la joie vienne en vous. Pour cela je compte sur ma grande Mone du petit de laquelle j’aurai voulu être un bon tonton. La chance a pour moi mal tourné et ces joies me seront toutes refusées, je le regrette, mais ma peine est minime à comparer avec la vôtre et c’est pour cela que je veux que vous n’éprouvez qu’une peine la plus petite possible, ce que je vous demande est dur, cependant c’est mon désir. Papa soit sur que ton gars n’a jamais failli au chemin que lui avais montré et que son honnêteté est toujours restée intacte, ne blâme pas ma mort, car les actes que j’ai commis sont aujourd’hui payés.

Maman chérie, à toi et à mon papa, que vous dire d’autre que mon amour profond est sans relâche et que je vous vouais malgré que parfois mes sautes d’humeur vous ai chagriné, mais je n’en étais pas entièrement responsable, car chacun a là-bas ses petits soucis.

à ma grande sœur chérie et à Lucien je demande que le plus tôt possible vous donniez à mes petits Pa et Man adorés une consolation. Je voudrais si cela est possible être enterré auprès de vous dans le même caveau. Peut-être pourrez-vous le faire. Pour toute ma famille et amis que chacun ne me regrette pas et m’oublie le plus tôt possible.

J’espère que l’avenir vous donnera des jours meilleurs que ceux vécus jusqu’ici.

Je suis en train de manger les dernières bonnes choses de mon colis et ce qui reste sera partagé entre les copains.

Mes 21 ans que j’aurai voulu passé parmi vous seront plus vite fêtés.

Je vais terminer, je vous étreint tendrement comme je le faisais lorsque j’étais auprès de vous et bientôt je n’aurai plus rien à penser, et votre pensée sera la dernière que mon cœur criera au dernier moment, encore des baisers de toute ma tendresse, des étreintes de tout mon cœur et j’en termine tous bien-aimés.

Votre gars qui pense à vous jusqu’au bout.

Bernard

 

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)