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Hommage à Bernard Laurent, résistant fusillé au Mont-Valérien - Agnetz, 17 avril 2019

C'est à un émouvant et utile hommage auquel ont participé une centaine de personnes à Agnetz ce mercredi matin à la mémoire de Bernard Laurent, membre des Bataillons de la Jeunesse, fusillé au Mont-Valérien le 17 avril 1942 suite au procès dit « de la Maison de la Chimie ».

Cette cérémonie, organisée par le Parti communiste et la municipalité d'Agnetz, sous l'impulsion de notre camarade Arsène Sahaguian, s'est déroulée en présence de membres de la famille et d'élu·e·s - le sénateur M. Paccaud, la conseillère départementale Mme Van-Elsuwe, le maire de Breuil-le-Sec Denis Dupuis, l'ancien sénateur M. Vantomme, le président de l'ANACR Oise et ancien conseiller départemental Alain Blanchard. Jean-Michel Cuvillier a donné la parole au maire d'Agnetz M. Rousselle, au secrétaire départemental du PCF Oise Thierry Aury, et à Caroline Besse, secrétaire de la section PCF locale de Clermont, tous deux membres du Conseil national du PCF, cette dernière lisant la dernière lettre de Bernard.

Cette cérémonie était suivie d'un vin d'honneur à la salle Saint-Léger d'Agnetz.

 

Photos de Claude

Intervention de Thierry Aury, secrétaire départemental du PCF Oise

 

Monsieur le Sénateur,

Monsieur le Maire d’Agnetz,

Monsieur le Maire de Breuil-le-Sec,

Mesdames, Messieurs les élus,

Monsieur le président de l’ANACR,

Mesdames, Messieurs les représentants d’associations d’anciens combattants, résistants et déportés,

Chers Amis, Chers Camarades,

Mesdames, messieurs,

 

Nous sommes donc réunis en ce 17 avril 2019 pour rendre hommage à un jeune homme, Bernard LAURENT, fusillé il y a exactement 77 ans le 17 avril 1942.

 

Et je voudrais d’abord remercier tout particulièrement Marie-Angèle et Arsène SAHAGNAN, amis de la famille LAURENT qui ont toujours veillé à entretenir la mémoire de ce jeune héros ; notamment en restaurant les plaques commémoratives, et qui sont à l’origine, avec Jean-Michel CUVILLIER, responsable du PCF dans le secteur, de cette cérémonie organisée par la mairie d’Agnetz dont je salue le concours total et efficace.

 

Je voudrais saluer aussi la présence de Claude MORLAIX, petit frère d’adoption de Bernard LAURENT qui nous a transmis quelques-uns de ses souvenirs.

 

Je veux aussi avoir une pensée pour Paulette JAUNEAU, grande résistante avec son mari Georges, très âgée aujourd’hui, et qui est avec nous par le cœur si elle ne peut l’être par sa présence physique.

 

Bernard LAURENT est né en 1921 à Agnetz, dans le hameau de Ronquerolles, fils d’un couple d’ouvriers, Gaëtan et Marcelle.

Dans cette période où la menace du fascisme grandissait partout en Europe, avec les victoires de Mussolini puis d’Hitler, le coup d’État de Franco contre la République espagnole, la maman de Bernard, Marcelle, s’engagea activement dans le Comité des femmes contre la guerre et le fascisme, en en devenant la secrétaire dans le secteur de Clermont.

En 1937-38-39, elle participe à la solidarité avec les Républicains espagnols abandonnés par les gouvernements français et anglais et malheureusement écrasés par une guerre et une répression terrible.

Claude MORLAIX, son fils adoptif, se souvient de l’engagement constant de sa maman Marcelle, auprès des réfugiées espagnoles à Clermont, jusqu’après la guerre, et conserve le souvenir de ces grandes tables dressées dans la cour de la maison pour des goûters solidaires.

C’est dans cet environnement familial où les valeurs de justice, de solidarité, de liberté étaient fortes qu’a grandi Bernard. Et c’est sans surprise qu’on le retrouve en 1936, à 15 ans, adhérent à la JC du Clermontois, dans ce temps fort de l’histoire sociale et politique du 20ème siècle, qui vit la victoire du Front populaire « pour le pain, la paix et la liberté », les grandes grèves de mai et juin 1936 ; avec la conquête des 40 heures, des congés payés, des conventions collectives, et de fortes hausses de salaires, grâce à un Parti communiste et une CGT en plein essor. 

 

Comme pour des millions de jeunes, d’ouvriers, d’employés, c’est un moment extraordinaire et le jeune apprenti ouvrier-pâtissier qui monte à Paris et s’installe Porte de Bagnolet en 1937, est conforté dans son engagement de jeune communiste.

 

L’embellie est malheureusement de courte durée, tant la volonté de revanche est grande chez ces 200 familles de privilégiés qui n’ont pas accepté ces victoires ouvrières sans précédent, chez ces grands bourgeois dont certains disaient ouvertement qu’ils préféraient Hitler au Front populaire, et qui firent « le choix de la défaite » en 1940, selon l’expression de l’historienne Annie Lacroix-Riz.

 

Nourri de ces luttes fortes pour la dignité, la liberté, contre l’exploitation et l’oppression, Bernard LAURENT ne supporte pas l’occupation nazie de son pays, ne supporte pas la trahison de Pétain et Laval et la collaboration qu’ils engagent avec Hitler, organisant le pillage et l’asservissement de la France.

 

Malgré la clandestinité et la menace de la mort, alors que les armées nazies paraissent victorieuses sur tous les fronts, comme le proclame une grande banderole au fronton du Palais Bourbon occupé, au plus noir de la nuit, Bernard LAURENT fut de cette poignée de femmes et d’hommes, de jeunes qui ne renoncèrent pas, alors que tout semblait perdu.

 

Bernard LAURENT s’engagea dans ce qu’on appela les « Bataillons de la jeunesse » qui commencèrent dès 1941, les premières actions armées de jeunes communistes, aux côtés de « l’Organisation spéciale », créée dès 1940 par le PCF, pour récupérer des armes et organiser des actions de résistance ; « Bataillons de la Jeunesse » et « OS » qui furent les embryons des futurs FTPF, principale force armée de la résistance intérieure, intégrée en 1944 dans les FFI. 

 

Un mot pour dire que rien ne prédestinait Bernard, amoureux de la vie, militant du progrès humain à basculer ainsi dans la lutte armé. Comme le disent les célèbres vers de Robert Desnos, lui-même mort en déportation : « Ce cœur qui haïssait la guerre, voilà qu’il bat pour le combat et la bataille. Car ces cœurs qui haïssaient la guerre, battaient pour la liberté, au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit ». 

 

Comme Bernard LAURENT le dit dans cette dernière lettre à ses parents, à sa sœur, à son beau-frère, qui sera lu tout à l’heure, où il évoque à la fois sa vie « bien courte », et ces petits détails qui font la vie de tous les jours : 

« J’aurai voulu avoir la joie de vous chérir dans vos vieux jours, et de vous donner des petits-enfants forts et charmants ».

« J’espère que l’avenir vous donnera des jours meilleurs que ceux vécus jusqu’ici ».

 

Oui, c’est au nom de cet idéal humain qu’il mène la résistance contre le nazisme dont nous savons qu’il est la  négation même de l’humanité puisqu’il ne reconnait pas la même dignité à chaque être humain.

 

Le 14 juillet 1941, il participe à une manifestation sur le boulevard Saint-Michel, est arrêté puis relâché. Le 6 septembre 1941, imitant le coup de feu de Pierre Georges, le futur Colonel Fabien, quelques jours plus tôt le 21 août, à la station Barbès, contre un officier nazi, il tire un coup de feu contre un sous-officier allemand, dans le 16ème arrondissement.

 

Dans toute la région parisienne, et au-delà, des jeunes communistes multiplient des actions contre l’occupant qui réagit brutalement par la terreur en fusillant des otages. Mais pour la première fois, la peur gagne aussi l’ennemi et les collaborateurs.

 

Bernard LAURENT et ses camarades viennent de lancer la résistance armée sur le sol  national qui, au prix de mille et mille sacrifices, grandira durant 3 longues années, agrégeant au fur et à mesure des forces très diverses mais unies par la même volonté libératrice, contribuant à l’insurrection nationale de l’été 1944 qui, en lien avec les forces alliées anglo-américaines, les victoires de l’Armée rouge à l’Est et les Forces françaises libres, débouchera sur la libération et la défaite du nazisme.

 

Bernard LAURENT qui, avec d’autres, s’étaient levés avant l’aube, ne verra pas « les jours heureux » pour reprendre le beau titre du programme du CNR.

 

Traqué de plus en plus étroitement, dénoncé dans une lettre anonyme, il est interpellé le 26 février 1942 par la police française et interrogé dans les locaux des brigades spéciales à la préfecture de police.

 

Apprenant son arrestation, sa mère, Marcelle, écrit au commissaire de la BS2 : «  Nous ne pouvons pas croire, ni mon mari à l’accusation qui pèse sur lui. Ayez la bonté de lui transmettre toute notre tendresse, excusez de malheureux parents dans l’angoisse !».

 

Claude MORLAIX, son frère adoptif, se souvient des voyages hebdomadaires  - malgré des conditions extrêmement compliquées sous l’occupation -  de sa mère, à la prison de la Santé, où, sans pouvoir le voir, elle lui portait du linge propre et ramenait l’usager. Il se souvient aussi des petits messages de Bernard, roulés, cachés dans le linge usager dans lesquels Bernard faisait part de sa hantise de ne pouvoir résister aux tortures et de révéler de graves informations. Il aurait même demandé du poison, entrainant de pénibles discussions entre les parents, l’un mesurant les risques de tels aveux, l’autre, la maman, n’acceptant pas l’idée de la mort de son fils.

 

Bernard LAURENT fut finalement jugé du 7 au 14 avril 1942, en compagnie de 26 autres résistants communistes, lors du procès dit de la Maison de la Chimie, un procès que les nazis voulaient retentissant  - ils vont le filmer et on retrouvera en 1984 les bobines miraculeusement préservées - , un procès pour mettre en accusation ceux qu’ils appelaient « des terroristes à la solde de Moscou ».

 

Ce qui frappe dans cette parodie de procès, c’est au contraire la grande dignité des accusés dont 23 seront finalement exécutés le 17 avril parmi lesquels Bernard LAURENT (2 seront déportés et une femme, Simone SCHLOSS, décapitée à la hache le 2 juillet à Cologne). L’un d’eux, Yves KERMEN, militant syndical de la métallurgie, déclare en leur nom : « Notre cause est juste. Notre mort n’arrêtera pas la lutte. Au contraire, elle fera se lever à notre place des centaines de nouveaux combattants ». Et l’on pense immanquablement aux mots du Chant des Partisans « Si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place ». Tous proclamèrent devant le juge nazi : « Nous mourrons au cri de Vive la France ». Et leur départ de la prison de la Santé, vers le Mont-Valérien où ils furent fusillés, fut marqué par une immense Marseillaise, reprise sous les voûtes et chantée par tous les prisonniers, hommes et femmes, à l’instigation de la dirigeante communiste Danièle Casanova qui mourra, elle-aussi, en déportation.

 

Mais je voudrais revenir quelques instants sur le groupe de la Maison de la chimie. Sur ces 27, aux côtés du jeune ouvrier-pâtissier, Bernard LAURENT, j’ai retenu aussi deux autres figures : celle du jeune Karl SCHOENHAAR, 17 ans ½, fils d’un député communiste allemand, arrêté en 1933 et mort en camp de concentration et celle d’André KIRCHEN, 15 ans 1/2, fils  d’immigrés juifs roumains. Tous deux réfugiés immigrés en France. Tous deux combattants pour la liberté, celle de la France, celle des peuples. Rappelant les combats et le sacrifice du fameux groupe Manouchian de « l’Affiche Rouge » fusillé en 1944. « Étrangers, et nos frères pourtant » comme le dit le poème d’Aragon.

 

En évoquant ce départ vers la mort de Bernard LAURENT et ses camarades, je ne peux manquer de rappeler le souvenir d’une autre tragédie qui frappa Agnetz, le 17 juin 1944, quand 100 soldats allemands arrêtèrent dans le hameau de Boulincourt une cinquantaine d’hommes, pour obtenir des renseignements sur la Résistance, active dans le secteur. 20 hommes seront finalement déportés le 15 juillet 1944 à Newegamme, et seuls 3 reviendront de ce camp de la mort.

N’oublions pas cette trainée de sang laissée par l’armée nazie durant l’été 1944 dans notre département.

 

Une sacrée leçon pour aujourd’hui où certains voudraient trier les  humains en fonction de leurs origines ou religions supposées, de leur couleur de peau où certains voudraient que l’Europe, la France se hérisse de barbelés, de murs et se mure, s’enferme dans les peurs, la  haine de l’autre, nous entrainant « tranquillement » vers la barbarie.

 

« Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde » disait le dramaturge allemand Bertolt Brecht. La phrase est plus vraie que jamais depuis la 2ème guerre mondiale, alors qu’accède au pouvoir en Autriche, en Italie, en Hongrie et menacent ailleurs les héritiers actuels du fascisme ; et alors que paradent des forces ouvertement nazies dans plusieurs pays d’Europe. 

 

Être fidèle à Bernard LAURENT et à ses amis, SCHOENHAAR et KIRCHEN, être fidèle à sa maman qui ouvrait sa porte aux réfugiés espagnols  - comme elle l’ouvrit à mon grand-père Marcel DUBOS, un soir de novembre 1942 où il était traqué par la police allemande. Leur être fidèle c’est refuser toute atteinte à la dignité et aux droits humains aujourd’hui, c’est par exemple mettre fin à cette hécatombe épouvantable dans la Méditerranée ou apporter notre solidarité à cette famille arménienne de Beauvais et ses 3 filles menacées d’expulsion.

 

Leur être fidèle, c’est aussi agir comme Bernard et ses parents, pour la justice sociale, la démocratie pour s’opposer au démantèlement systématique de toutes les grandes conquêtes issues du programme du CNR, mis en place par Jean MOULIN à la demande du général DE GAULLE.

Un programme qui proclame notamment, à rebours de toutes les régressions actuelles, la nécessité « d’une véritable démocratie économique et sociale impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie », « le retour à la Nation de tous les grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques », ou encore « un plan complet de sécurité sociale (…) avec gestion appartenant aux représentants des intéressés » et « la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier » etc…

 

Leur être fidèle, c’est œuvrer à une Europe et un monde de justice, de liberté et de paix, un monde de coopération et de solidarité, un monde vivable pour les générations futures, à l’opposé de cette domination actuelle des financiers et des marchands d’armes qui nous emmène vers l’abîme. 

 

Leur être fidèle, n’est-ce pas finalement, dans les conditions d’aujourd’hui, suivre les leçons de papa Gaëtan, le père de Bernard, qui rappelait à Claude, le frère de Bernard :

« Il faut savoir où est notre devoir »

« Il faut vivre en honnête homme »

« Il faut être droit »

 

En clair, obéir à sa conscience, ne supporter aucune injustice, aucune souffrance faite aux autres et comme le dit un beau mot d’ordre aujourd’hui, donner en toutes circonstances, la primauté à « l’humain d’abord ».

 

Leur être fidèle, c’est refuser la fatalité, la résignation même quand les circonstances sont difficiles, et il en fallait du courage et de la détermination pour résister en 1941, quand le fascisme parut submerger presque tout le globe.

 

Car, comme l’écrivait Saint-Exupéry dans Terre des hommes : « Responsable nous le sommes chacun pour notre part, du destin des hommes ».

 

 

Merci à Bernard LAURENT qui prit sa part, terriblement, en y laissant sa propre vie, du « Destin des hommes ».

 

Photos de Chantal

 

Hommage à Bernard Laurent, résistant fusillé au Mont-Valérien - Agnetz, 17 avril 2019

Intégralité de la cérémonie

Intervention du maire d'Agnetz

Intervention de Thierry Aury

Je télécharge le texte de l'intervention de Thierry Aury

Lecture de la dernière lettre de Bernard Laurent par Caroline Besse

 

Paris, vendredi 17 avril 1942, 13 heures

 

Petits parents adorés, sœur chérie, cher Lucien Et toute la famille et amis chers

C’est fini, à 5 heures nous devons être exécutés, moi et 23 autres camarades.

Ma vie bien courte va se terminer bien tristement, mais c’est pour vous que j’adore que je suis bien triste. On devra vous remettre outre mon pardessus, mon pull-over et mes gants dans lesquels tu retrouveras une partie de la fleur que tu m’as envoyé et que j’ai tant embrassé, ma plaque d’identité, mon briquet, ma pipe et d’autres petites choses déposées par moi au bureau. Votre peine, va, je le regrette être immense et je veux que vous me pardonniez cette douleur.

Ma petite sœur par son petit gars ou fille vous donnera une suprême consolation, car je ne veux que votre peine soit longue, oubliez-moi vite, moi qui vous ai donné que du tourment, je vais en mourrant réparé les fautes commises et cependant j’aurai voulu autrement racheter mes fautes. Maintenant il est trop tard, et je n’ai qu’un regret n’avoir pu avant ma disparition vous serrez sur mon cœur aussi tendrement que je l’aurai voulu afin de vous montrer que votre gars malgré son mauvais caractère, vous aimez plus que tout au monde et aurait voulu avoir la joie de vous chérir dans vos vieux jours, et de vous donner des petits enfants forts et charmants, afin que la joie vienne en vous. Pour cela je compte sur ma grande Mone du petit de laquelle j’aurai voulu être un bon tonton. La chance a pour moi mal tourné et ces joies me seront toutes refusées, je le regrette, mais ma peine est minime à comparer avec la vôtre et c’est pour cela que je veux que vous n’éprouvez qu’une peine la plus petite possible, ce que je vous demande est dur, cependant c’est mon désir. Papa soit sur que ton gars n’a jamais failli au chemin que lui avais montré et que son honnêteté est toujours restée intacte, ne blâme pas ma mort, car les actes que j’ai commis sont aujourd’hui payés.

Maman chérie, à toi et à mon papa, que vous dire d’autre que mon amour profond est sans relâche et que je vous vouais malgré que parfois mes sautes d’humeur vous ai chagriné, mais je n’en étais pas entièrement responsable, car chacun a là-bas ses petits soucis.

à ma grande sœur chérie et à Lucien je demande que le plus tôt possible vous donniez à mes petits Pa et Man adorés une consolation. Je voudrais si cela est possible être enterré auprès de vous dans le même caveau. Peut-être pourrez-vous le faire. Pour toute ma famille et amis que chacun ne me regrette pas et m’oublie le plus tôt possible.

J’espère que l’avenir vous donnera des jours meilleurs que ceux vécus jusqu’ici.

Je suis en train de manger les dernières bonnes choses de mon colis et ce qui reste sera partagé entre les copains.

Mes 21 ans que j’aurai voulu passé parmi vous seront plus vite fêtés.

Je vais terminer, je vous étreint tendrement comme je le faisais lorsque j’étais auprès de vous et bientôt je n’aurai plus rien à penser, et votre pensée sera la dernière que mon cœur criera au dernier moment, encore des baisers de toute ma tendresse, des étreintes de tout mon cœur et j’en termine tous bien-aimés.

Votre gars qui pense à vous jusqu’au bout.

Bernard

 

Le Courrier picard du 18 avril 2019

20190418-CP-Agnetz-Bernard Laurent, fusillé à 20 ans pour ses idées

Le Courrier picard du 18 avril 2019 [Pages régionales]

20190418-CP-Agnetz-Hommage au communiste fusillé [pages régionales]

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« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)