Fédération de l'Oise

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« Tracer ensemble de nouveaux chemins d'Humanité » - Montreuil, 22 février 2019

Plusieurs camarades et ami·e·s de l'Oise ont participé à la soirée de soutien au journal L'Humanité le 22 février 2019 à Montreuil qui a réuni près de 4 000 personnes : Loïc Pen, candidat sur la liste « Pour l'Europe des gens, contre l'Europe de l'argent » aux Européennes 2019 conduite par Ian Brossat ; Caroline Besse, membre du Conseil national du PCF ; les élu·e·s Karim Boukhachba et Caroline Brebant ; l'ancien maire et conseiller départemental Alain Blanchard ; Aude, Franck, Martine…

Dans l'Oise, plusieurs initiatives sont en cours, avec par exemple une intervention au sein du conseil municipal de Nogent-sur-Oise de l'élue Nellie Rochex et l'obtention d'un abonnement à L'Huma de la médiathèque de cette ville ; des dons de section ; des initiatives comme celle d'Alain Boutroue qui a mis une boîte lors d'une soirée dans un bar et a récupé 70 euros. Nous avons aussi appris que la fédération de l'Oise du Parti socialiste s'était abonnée, nous ne pouvons que lui souhaiter bonne lecture.

 

 

Article paru dans L'Humanité du 25 février 2019

Le directeur du journal a salué la solidarité qui fleurit pour mettre «  l’Humanité sous protection populaire et citoyenne ». Il a annoncé plusieurs rendez-vous, dont un banquet populaire à la mi-juin.

Devant une assistance attentive, Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, s’est d’abord réjoui de « l’impressionnant cordon de solidarité (qui se constitue) autour de notre groupe de presse ». « Nous sommes heureux, a-t-il poursuivi, qu’à travers cette soirée de mobilisation puissent se rencontrer des soutiens aux parcours si divers et aux idées parfois opposées mais qui ont en commun le désir que vive et que se développe l’Humanité. C’est toute la famille républicaine qui se lève, car chacun pressent, même confusément, qu’en disparaissant, l’Humanité serait comme l’une des dernières digues à céder avant le tsunami qui finirait par emporter le pluralisme, et avec lui un pan de la démocratie. »

Pour lui, il s’agit d’être « au combat pour répondre à la demande pressante des citoyens de disposer d’informations qui tranchent avec l’uniformisation galopante ». Puis il s’interroge : « Que cache ce drôle de silence quand les cessions de titres se succèdent à un rythme effréné, que d’importants journaux français sont “vendus à l’encan” à un oligarque tchèque de l’énergie ? Dans quel but, gagner de l’argent ? Pas du tout, ce dont il s’agit dépasse la presse elle-même et pose la question de la souveraineté nationale (…) ce qui est visé c’est l’achat de nos centrales thermiques, d’un groupe phare de l’énergie (alors) que nos secteurs agricole, viticole, industriel sont attaqués de toutes parts. »

Patrick Le Hyaric insiste alors : « Dans ces conditions, l’État, le gouvernement, le président de la République ont une importante responsabilité pour assurer le pluralisme de la presse, pour créer les conditions de l’indépendance des journaux. » Il propose de « lancer une conférence nationale pour le pluralisme et la modernisation de la presse ».

« L’Humanité, poursuit-il, irrigue à sa mesure le débat public, à rebours des fausses informations qui pullulent dans la jungle d’Internet et des simplismes outranciers qui stérilisent la pensée ; à rebours des provocations dont se repaissent les journaux d’extrême droite qui trônent désormais glorieux sur les présentoirs des kiosques », alors que dans nos titres, « au cœur d’une éthique républicaine (…), nous confrontons la rudesse de l’actualité à une forte ambition éditoriale que nous pensons d’une grande nécessité ».

Rappelant ensuite en citant Jean Jaurès que « faire vivre un grand journal sans qu’il soit à la merci d’aucun groupe d’affaires est un problème difficile mais pas insoluble », Patrick Le Hyaric a souligné que « le combat pour que vive l’Humanité prend aujourd’hui, grâce à vous, une dimension nouvelle (…). Maintenant que les lecteurs et les amis de l’Humanité sont si engagés, il est urgent que l’État s’engage plus avant pour augmenter l’aide aux quotidiens à faibles ressources publicitaires, dans un contexte où les conglomérats nord-américains du numérique vampirisent sans vergogne l’essentiel de la manne publicitaire », a-t-il martelé.

Puis il a annoncé le lancement, d’ici à la fin juin, d’un « club des ami-actionnaires de l’Humanité », la tenue dans « un maximum d’endroits de rencontres avec les sociétés des lecteurs, la société des amis et les diffuseurs », avec « un point d’étape de cette mobilisation générale sous la forme d’un grand banquet populaire à la mi-juin ». Ces multiples actions ayant une même volonté : « Tracer ensemble de nouveaux chemins d’Humanité. »

Gérald Rossi

 

Article paru dans L'Humanité du 25 février 2019

Un puissant élan de vie et d'humanité

Près de 4 000 personnes de tous horizons ont participé vendredi, à Montreuil, aux six heures de mobilisation pour mettre l’Humanité sous protection populaire.

L’Humanité est bien plus qu’un journal : c’est une matière politique incandescente ; un lieu sensible où se tissent des solidarités et des combats, des savoirs, des doutes, des convictions et toute une culture. Vendredi soir, à la halle Marcel-Dufriche à Montreuil, cette alchimie s’est manifestée de la plus belle des façons, lors de la soirée de soutien à ce journal sur lequel planent de lourdes menaces. Les lieux eux-mêmes semblaient parler, du métro Robespierre jusqu’au fronton d’une usine voisine désaffectée affichant ces mots du communard Eugène Varlin : « Tant qu’un homme pourra mourir de faim à la porte d’un palais, il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines. » À l’ombre de la cheminée de brique, sous un soleil radieux, dès 16 heures, tout un peuple affluait déjà, accueilli dans la rue, en chansons, par la Compagnie Jolie Môme qui raillait gaiement le mépris macroniste pour ceux qui ne seraient que des « riens ».

Un journal indispensable aux luttes et à la pensée critique

L’air espiègle et doux, de longs cheveux noirs, des yeux de jais, Samia venait de l’autre extrémité de la banlieue parisienne. Cette quadragénaire est fidèle au journal depuis l’adolescence et les balbutiements d’une conscience politique solidement ancrée à gauche. « Pour moi, le journal et sa fête sont liés. Ils permettent la rencontre et la surprise à chaque page, dans chaque allée, souriait-elle. Impossible pour moi de ne pas soutenir le journal qui soutient les causes du monde, la culture, l'humanité. Impossible de vivre dans un monde sans couleurs. Cette soirée en est pleine et je suis fière d'y participer. » Dans cette foule d’innombrables amis, lectrices et lecteurs d’un jour ou de toujours, citoyens attachés au pluralisme et à l’existence d’un titre indépendant des pouvoirs et des puissances de l’argent, chacun était venu avec ses raisons, ses souvenirs, ses attentes. Mais tous exprimaient cet indéfectible attachement, cette affection que seul un titre au si beau nom peut susciter. L’Humanité et l’Humanité Dimanche affichent sans ambages leurs opinions. Leurs pages dessinent dans le même mouvement un carrefour de la gauche sociale, culturelle, politique : on y confronte des points de vue, on s’y dispute, on s’y rassemble. Cet esprit-là irriguait la soirée. En quel lieu, ces temps-ci, peut-on croiser, ensemble, des communistes, des insoumis, des écologistes, des socialistes, des syndicalistes, des libertaires ? D’Olivier Besancenot à Benoît Hamon, de Fabien Roussel à David Cormand, de Philippe Martinez à Clémentine Autain ou Jean-Luc Mélenchon, tous sont venus dire à quel point ce journal est indispensable aux luttes, à la pensée critique, à l’invention d’une politique d’émancipation. La détermination à mettre l’Humanité sous protection populaire et citoyenne se joue même des frontières politiques : c’est que la France ne serait plus la France si ce titre venait à disparaître. Ainsi Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture sous la présidence de Jacques Chirac, exprimait à la tribune sa considération pour le journal et pour la haute tenue de ses pages culturelles, les plus exigeantes de la presse quotidienne, saluée par de nombreux participants. D’improbables collisions se sont produites : il fallait voir le mathématicien et député LaREM Cédric Villani, engagé à nos côtés pour la reconnaissance de l’assassinat de Maurice Audin comme un crime d’État, en grande conversation avec un gilet jaune… Des artistes côtoyaient des salariés en lutte ; des sportifs s’entretenaient avec des historiens ou des philosophes ; des dessinateurs, des plasticiens, des journalistes, des humoristes ou des musiciens croisaient des ouvriers ; des cheminotes, des infirmières, des scientifiques échangeaient avec des féministes, des défenseurs du droit au logement ou des militants engagés contre les violences policières. Inestimable creuset. « L’Humanité est le lieu par excellence de l’alliance entre les intellectuels et le peuple, alliance sans laquelle aucune avancée n’est possible », résumait le président des éditions du Seuil, Olivier Bétourné. Il était bel et bien là, ce peuple ancré dans toutes les luttes sociales, dans tous les combats de libération. Certains étaient venus de loin, de Bretagne ou de la Creuse, de Belgique ou du Maghreb. Kamel Guemari, le porte-parole des salariés du restaurant McDonald’s de Saint-Barthélemy, à Marseille, est arrivé épuisé, après un long trajet en voiture. Ce grand gaillard, enfant de la cité de la Savine, tenait à être là, aux côtés du journal qui fut, durant la grève de plusieurs mois qu’il a animée l’an dernier, un précieux porte-voix : « L’Humanité m’a fait sortir de mon quartier. C’est dans ses pages que j’ai compris le sens des mots liberté, égalité, fraternité. » Il y avait tant de monde – près de 4 000 personnes – que les rencontres entre lecteurs et rédaction se sont enchaînées dans un joyeux vacarme.

« C’est parfois de l’extrémité du péril que vient le salut »

Impossible d’en résumer ici la teneur, pas plus que celle de cette longue soirée. Mais, citons l’un de ces échanges, dont se dégageait une admirable densité humaine et politique. Venu des Alpes-Maritimes, Cédric Herrou s’entretenait avec notre confrère Émilien Urbach, premier journaliste témoin, dans la vallée de la Roya, des actions de solidarité envers les migrants pourchassés. « L’indépendance de nos actions, elle a un coût. On reçoit des dons, des soutiens. C’est pareil pour l’Humanité, l’indépendance de ce titre a un coût, il faut l’assumer », insistait finalement le paysan. De virgules littéraires en intermèdes musicaux, la soirée s’achevant, le comédien Yvan Le Bolloc’h faisait entendre les mots d’alarme de Jean Jaurès, redoutant en 1906 de devoir mettre un terme à l’aventure de l’Humanité pour cause, déjà, d’asphyxie financière, deux ans seulement après sa création. Son bouleversant appel aux lecteurs, aux amis du journal, s’achève ainsi : « C’est parfois de l’extrémité du péril que vient le salut. » Nos journaux ne sont pas tirés d’affaire. Mais l’extraordinaire solidarité qui se manifeste autour d’eux insuffle à ceux qui font l’Humanité, comme à ceux qui la lisent, un puissant élan de vie.

Rosa Moussaoui

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)