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Centenaire 14-18 : la paix est un trésor aussi fragile qu'il est humain - Bury, 27 novembre au 2 décembre 2018

Avec six autres associations, la section PCF du canton de Mouy a organisé du 27 novembre au 2 décembre 2018 une exposition et des animations pour commémorer le centenaire de la fin du premier conflit mondial

Nous les avons organisées avec la volonté de souligner le caractère impérialiste du conflit et d’œuvrer à la réhabilitation des fusillés pour l’exemple. De nombreux élus, dont le sénateur et conseiller départemental O. Paccaud, la maire de Angy M.-C. Noury, la maire de Ansacq C. Marienval, le maire de Bury D. Belval, le maire de Saint-Félix P. Vonthron, mais aussi notre ami Jean Sylla, ancien maire de Mouy, ainsi que de nombreux adjoints et conseillers municipaux ont participé à l’inauguration de cet évènement. 

Nous avions réservé toutes les matinées à la visite des scolaires. Des élèves des classes de CM1 et CM2 venant d’Ully-Saint-Georges, Cauvigny, Bury et Mouy ont profité pleinement des remarquables informations, documents et objets mis à leur disposition. 

Complétaient la visite la projection du film « La lettre » écrit, réalisé et tourné par des habitants de Bury ainsi qu’une animation de lecture proposée par la bibliothécaire de Bury. Le tout en lien avec le conflit 1914-1918 bien entendu.

Tout au long de la semaine plus de 250 personnes ont visité cette exposition. 

 

Un extrait de l’intervention de Philippe Mauger, secrétaire de la section PCF de Mouy

Le conflit a été un combat entre puissances impérialistes pour se partager le monde. Cette dimension reste cependant largement occultée de la mémoire collective. Les esprits éclairés de l’époque le disent pourtant déjà, ainsi l’écrivain français Anatole France déclare : « Nous croyons mourir pour la patrie, mais nous mourons pour les industriels. » Ou encore Paul Valéry qui dira cette phrase restée à la postérité : « La guerre : c'est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas. »

À ces mots d’intellectuels français j’ajouterais une citation d’un personnage que l’on ne peut soupçonner d’être un doux pacifiste de Gauche puisqu’il s’agit de Winston Churchill : « Jamais autant de personnes ont été tuées, de façon si injuste, pour assouvir les ambitions et la soif de profit d’un si petit nombre. »

C’est à l’aune de ces réalités historiques que l’on peut dire que notre président de la République n’a pas été très inspiré de déclarer, en pleine « itinérance mémorielle » à Charleville-Mézières qu’il était « tout à fait légitime que nous rendions hommage aux maréchaux qui ont conduit aussi l’armée à la victoire » en y incluant bien évidemment Philippe Pétain. Sans doute y avait-il là un propos douteux. Mais on doit aussi y voir une volonté de la hiérarchie militaire de garder la main sur le récit national, plus prompt à chanter les gloires de ses Généraux  qu’à rendre hommage aux millions de malheureux poilus livrés à la bataille comme de simples munitions. 

Pourtant, notamment au début du conflit, ils n’ont pas brillé par leur génie stratégique : les plus grosses hécatombes pour l'armée française, se concentrent dans les huit premiers mois du conflit. 40 % du total des victimes. 27 000 morts pour la seule journée du 22 août 1914. Triste record et prouesse d'incompétence que l'on doit au commandement français, machine à recycler une aristocratie hautaine et généralement hostile à la République. 

Il y a donc un lien étroit entre ce massacre de masse et la thématique d’animation que nous avons choisi : ceux que l’on appela « les fusillés pour l’exemple ». Car la censure a longtemps permis d’occulter cette composante du conflit : La chanson de Craonne sera interdite de radiodiffusion pendant 50 ans, le chef d’œuvre de Stanley Kubrick « Les Sentiers de la gloire » devra attendre 20 ans avant d’obtenir un visa de projection en France. Plus près de nous, en 1997, à propos du film « Le pantalon » qui raconte l’histoire vraie de Lucien Bersot fusillé « pour l’exemple » parce qu’il avait refusé de revêtir un pantalon qu’on venait d’enlever à un cadavre, Yves Boisset le réalisateur explique avoir rencontré une opposition très forte de l’armée au point que le film ne pu être tourné en France. On lui refusa l’accès à tous les bâtiments militaires, même ceux n’appartenant plus à l’armée. Il raconte : « Les loueurs de cinéma qui louent des armes d’époques avaient reçus des consignes de ne nous louer aucune arme en les menaçant de les radier des marchés de ventes des surplus militaires. » 

Nous contribuerons donc cette semaine à faire émerger de l’histoire, leur histoire. Loin d’un acte de lâcheté, ceux qui en furent les victimes exprimaient par leur refus d’obtempérer un acte de révolte et de dignité au sens où l’exprima plus tard Albert camus, ayant muri sa pensée pendant la résistance à l’occupant nazi : les fusillés pour l’exemple étaient, dans leur immense majorité,  mus par la volonté de dire non à la démesure, au piétinement des limites humaines, ils affirmaient par leurs actes la nécessité de respecter une frontière, celle de l’existence de l’autre. 

Le refus d’obéir n’était pas un refus de se battre, ni celui de mourir puisqu’ils savaient la sentence de mort et le déshonneur qui l’accompagnaient, sans compter la perte des droits pour leur famille. Non, le refus d’obéir leur était dicté par l’idée qu’ils se faisaient de la condition d’être humain.

Nous commérons le centenaire de la fin d’un conflit démesuré. Peu à peu il sort de la mémoire des vivants, de leurs descendants directs  pour entrer dans l’histoire. Il appartiendra à ce temps long de l’histoire d’explorer les interactions avec d’autres évènements qui ont contribué aux tragédies du XXe siècle : le conflit militaire occultera par exemple le génocide arménien, pourtant prémonitoire à ce qui allait suivre 20 ans plus tard, Nous n’avons pas davantage conscience que la victoire du camp français était aussi venu de l’est, comme se sera encore le cas pour la Seconde Guerre mondiale avec la victoire des Russes à Stalingrad. La Révolution russe de1917, qui soulève d’immenses espoirs dans tous les peuples d’Europe agite profondément la société allemande, elle contribuera à la chute du Kaiser Guillaume II et pèsera aussi lourd dans la reddition allemande que l’entrée en guerre des États-Unis. La grippe dite espagnole de 1918 va provoquer 20 millions de morts en Europe soit le double du conflit militaire aggravant d’autant la détresse des populations. Elle n’était pas étrangère à la guerre. Car beaucoup d’individus mourront de cette grippe parce qu’ils manquaient de tout, de soins, de nourriture et la plupart sortait épuisé de ce terrible cataclysme. Comme ce fut le cas pour le plus célèbre poète français de l’époque Guillaume Apollinaire.

J’espère qu’avec cette semaine commémorative nous apporterons notre petite pierre à la cause de la paix qui reste la plus belle et la plus difficile ambition humaine.

 

Après lecture d’un extrait du poème de Louis Aragon « Tu n’en reviendras pas », nous avons conclu par ces mots :

Rendons hommage à tous ces jeunes hommes dont les rêves et les vies furent brisés dans le cataclysme de 14-18, mais aussi à ceux de toutes les guerres du XXe qui emportèrent  tant de vies et d’espoirs et que nous avons devoir de ne pas oublier. Honorons nos morts tragiques et héroïques pour nous rappeler sans cesse combien la paix est un trésor aussi fragile  qu’il est humain.

 

Légendes des photos
  • Les invités avant l'inauguration,
  • 180 enfants accompagnés de leurs enseignants visiteront l'exposition et participeront à des ateliers de lecture
  • Dépôt de gerbe au monument aux morts de Bury le samedi 1er décembre, en présence du maire de Bury, David Belval

 

 

Centenaire 14-18 : la paix est un trésor aussi fragile qu'il est humain - Bury, 27 novembre au 2 décembre 2018

Le programme de la semaine

  • Les expositions « 1914-1918, le Centenaire »
    • 1914-1918, l’Oise se souvient - prêt des Archives départementales
    • La guerre 1914-1918 dans le canton de Mouy - prêt de l’association Patrimoine culturel et historique du canton de Mouy
    • Balagny à l’heure du conflit - prêt de l’Association du Patrimoine de Balagny-sur-Thérain
    • Les animaux pendant la guerre - prêt de l’association Graines de Mots
    • Les hôpitaux pendant le conflit - Généalogie de poilus - Les monuments aux morts de nos villages - Animations des généalogistes de l’Oise
    • Objets - Documents - Matériel et équipement militaire de poilus
  • Court métrage « La lettre » - écrit, réalisé et joué par des Burisiens
  • Les animations de la semaine
    • Mercredi 28 novembre à 17h00 - Projection du documentaire « Adieu la vie/Adieu l'amour »,
    • puis conférence-débat sur le thème : « Fusillés pour l'exemple : un déni de l'Histoire ou un lobby militaire ? », animée par l’historien Jean-Claude Flament, auteur de plusieurs ouvrages.
    • Vendredi 30 novembre à 20h00 - Projection du film de Patrick Jamain « Blanche Maupas » - Une histoire vraie d’un fusillé pour l’exemple, avec Romane Bohringer et Thierry Frémont 
    • Samedi 1er décembre 2018 à 11h00 - Dépôt de gerbe au monument aux morts de Bury 
    • Samedi 1er décembre à 20h00 - Spectacle vivant entre concert et théâtre « Adèle Chignon, comme en 14 ! » - Ce spectacle est labellisé par la mission du centenaire
  • Pendant toute l’exposition : quiz jeu concours proposé aux enfants

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« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)