Les 4, 5 et 6 octobre, 49 231 communistes à jour de leurs cotisations et ayant adhéré au PCF il y a plus de trois mois, devaient choisir le texte de base commune de discussion pour le 38e congrès.
À l’issue de ce vote, 30 841 communistes ont voté (soit 62,65 % des inscrit·e·s) avec 30 180 suffrages exprimés et 661 bulletins blancs ou nuls.
La proposition de base commune présentée par le Conseil national, « Le communisme est la question du XXIe siècle », a obtenu 11 467 suffrages, soit 38 % des exprimés.
Le texte alternatif « Se réinventer ou disparaître ! Pour un printemps du communisme » a obtenu 3 607 suffrages, soit 11,95 % des exprimés.
Le texte alternatif « Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle » a obtenu 12 719 suffrages, soit 42,14 % des exprimés.
Le texte alternatif « PCF : reconstruire le parti de classe, priorité au rassemblement dans les luttes » a obtenu 2 387 suffrages, soit 7,91 % des exprimés.
Le texte « Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle » devient la base commune de discussion du 38e congrès.
Les résultats sont partagés, les communistes sont désormais appelés à discuter, enrichir, modifier le texte pour travailler à un rassemblement le plus large des communistes au congrès.
BEAUVAISIS
BRESLES
CLERMONT- LIANCOURT
CREIL-NOGENT-VILLERS
MONTATAIRE
MOUY
NANTEUIL
NOYON - RIBÉCOURT & COMPIÉGNOIS
SAINT-JUST-EN-CHAUSSÉE
SAINT-MAXIMIN
LE THELLE
VALOIS
Nous avons demandé à quatre camarades, Catherine Dailly, Denis Dupuis, Hélène Masure et Loïc Pen, d’exprimer leur point de vue à ce point d’étape qu’a été le choix de la base commune de discussion, ainsi que leur état d’esprit pour la suite du congrès. [texte paru dans Oise Avenir n° 1347 du 18 octobre 2018]
Montataire : première assemblée après le choix de la base commune de discussion
Après avoir présenté les principales idées du texte (dit du Manifeste) arrivé en tête nationalement (mais qui n’avait obtenu que 22 % sur la section de Montataire), la discussion s’est ouverte de façon très fraternelle et en même temps sérieuse. Partagés, les camarades ont expliqué les raisons de leur vote, certains pour la proposition du Conseil national, d’autres pour le Manifeste et d’autres encore pour le Printemps... Mais tous étaient d’accord sur l’idée qu’on n’a pas d’autre choix que de combattre ce système capitaliste qui s’évertue à diviser les générations entre elles, à opposer les actifs aux privés d’emplois, les Français aux migrants... Que nous devons, à tous les niveaux, tout faire pour œuvrer au rassemblement du plus grand nombre. Pour cela, la question du renforcement, de l’organisation, de la transformation de notre parti s’est posée. Quelles sont les préoccupations des jeunes ? Comment ouvrir les jeunes à nos propositions et les aider à nous rejoindre, adapter nos formes de militantisme, modifier notre image, nous restructurer, redonner une place importante à l’adhérent, revoir notre communication... Tous se retrouvent sur la nécessité d’entrer dès à présent en campagne pour les Européennes, avec notre chef de file Ian Brossat. À l’issue des discussions et après la proposition de renforcer notre collectif de direction et d’élire notre secrétaire, nombreux-ses ont souhaité être partie prenante du collectif nouvellement désigné avec l’objectif de l’ouvrir à d’autres adhérents. Une nouvelle réunion est prévue le mercredi 24 octobre, à 19h30 afin de poursuivre la discussion sur le texte, en débattre, l’enrichir, l’amender.
Catherine Dailly, secrétaire de la section de Montataire
« C’est dans un esprit d’unité et de respect indispensable pour notre parti que doit se tenir notre congrès. »
J’ai signé et voté pour le texte Un printemps du communisme et les résultats m’ont déçu et m’inquiètent. Je suis pour un communisme ouvert, démocratique, écologique et révolutionnaire, qui pèse dans le société et donne un espoir aux millions de salariés et de laissés pour compte, ceux qui souffrent toujours plus des politiques libérales menées depuis des dizaines d’années. Dans le même temps, l’affaiblissement constant de notre parti, malgré tous les efforts de ses militants, toute la volonté de ses dirigeants, tous les textes adoptés lors de nos congrès, a été un atout pour le système capitaliste et un handicap pour ceux qui en subissent les conséquences. Notre communisme doit être en phase avec la société actuelle et donc être construit avec toutes celles et ceux qui cherchent et qui luttent. C’est en maintenant un lien étroit avec eux que nous pourrons regagner leur confiance comme nous l’avons construit jadis avec la classe ouvrière. Nous devons être le parti du rassemblement : c’est à chaque fois que nous avons joué ce rôle de rassembleur, en 1936, dans la Résistance, en 2005 contre le TCE ou en 2012 avec la création du Front de Gauche, que nous avons gagné en confiance, en adhérent-e-s et que nos idées ont progressé dans la société. Avec toutes les difficultés que nous connaissons et qui ne sont évidemment pas que de notre seule responsabilité, le rassemblement avec la FI n’est pas un choix de convenance, c’est une nécessité impérieuse. Le repli sur nous même, sur nos certitudes et nos vérités anciennes serait mortifère pour notre parti et un cadeau de plus pour Macron et sa bande. Bien que le texte Manifeste ait un sens très différent de mes opinions, ce qui le rend difficilement amendable, je souhaite mener avec mes camarades l’indispensable débat d’idées qui peut-être fera évoluer les esprits. C’est dans un esprit d’unité et de respect indispensable pour notre parti que doit se tenir notre congrès.
Denis Dupuis, maire de Breuil-le-Sec
« Nous travaillons afin que la base commune reflète bien notre expérience et nos réflexions »
Pour moi, un texte de congrès communiste doit commencer par l’analyse concrète de la situation concrète afin de donner les éléments de compréhension des choix stratégiques et de leur mise en œuvre. Le chapitre 2 sur la crise devrait précéder celui sur le bilan critique et inclure des sujets comme les effets de la mondialisation capitaliste, des politiques ultralibérales européennes, l’état du monde, le choc pour l’électorat de gauche du désastreux quin- quennat Hollande, la montée des idées d’extrême droite, l’impact des attentats terroristes... Parler d’effacement du Parti comme d’une volonté délibérée de la direction me choque. Reconnaître l’échec catastrophique de la stratégie de 2017 est une réalité.
Le texte doit être cohérent et choisir entre l’ancien concept de « transition socialiste » et l’idée que « le com- munisme est à la fois l’objectif et le chemin ».
Un congrès ne peut pas effacer les avancées politiques des précédents : le caractère primordial de la transition écologique, l’émancipation par la culture, le combat pour une France hospitalière et fraternelle. Sur la question européenne, comment ne pas voir les effets désastreux du Brexit qui encourage nationalisme, racisme et fait payer la facture aux classes populaires ? N’abandonnons pas le combat difficile contre les traités européens avec les au- tres forces progressistes. Entrons en campagne sur les questions clés : le travail, les services publics, l’argent, l’écologie !
Dans notre section, le projet de base commune du CN est arrivé en tête avec 60 %. Nous travaillons désormais afin que la base commune reflète bien notre expérience et nos réflexions.
Comment contribuer aux mobilisations sociales et à la prise de conscience politique ? Diffuser les propositions du PCF dans les luttes en faisant le lien avec le projet communiste, nous l’avons toujours fait, nous le faisons toujours. Nous n’observons pas pour autant un accroissement de la visibilité ni de l’influence du parti. L’expérience d’une action citoyenne locale, à notre initiative, portant sur le problème de la désertification médicale, montre que des personnes de diverses opinions peuvent et veulent parti- ciper à un débat démocratique sans étiquette et portant l’intérêt général. Les communistes se sont exprimés dans un tract pour clarifier la situation et les enjeux mais ne conduisent pas en tant que parti ce mouvement. Faire en sorte que les citoyens-ne-s se saisissent de leurs affaires est un processus par étapes non construites d’avance mais élaboré au fur et à mesure. Nous ne brandissons pas le drapeau de notre projet communiste pour aider à la prise de conscience politique et à l’action. Nous essayons de répondre aux questions concrètes qui se posent en donnant les éléments politiques au moment opportun.
Au niveau national, toutes nos stratégies depuis des décennies y compris d’une candidature PCF à la Présiden- tielle (en 1981, le candidat du PCF est dépassé par le candidat du PS) n’ont pas abouti et n’ont pas empêché notre déclin. Au niveau européen et international, rares sont les partis communistes existant encore. Le problème est plus profond dans ce nouveau monde forgé par la mondialisation capitaliste et dépasse la question stratégique.
Hélène Masure, secrétaire de la section du Valois
« L’absence de majorité absolue sur un texte nous oblige collectivement au respect et à la prise en compte de la diversité d’opinion des communistes qui est une véritable richesse »
Le Manifeste a été retenu comme base commune par les communistes. Le texte porté par la direction du PCF a été battu. Il faut respecter ce choix. Pour autant, l’absence de majorité absolue sur un texte nous oblige collectivement au respect et à la prise en compte de la diversité d’opinion des communistes qui est une véritable richesse. D’autant que de nombreux camarades n'ont pas lu les textes de congrès. Au passage, je suis persuadé qu'il faudra revoir cette pratique des « textes alternatifs » : si disposer de textes alternatifs avait pu sembler une démarche favorisant la démocratie, force est de constater que c'est souvent l'inverse qui s’est produit. Loin de favoriser l'intelligence collective, la concurrence entre plusieurs textes aiguise surtout les désaccords et finit par les cristalliser en positions de principes irréconciliables. On ne cherche pas vraiment à pousser les débats pour être les plus justes possible dans nos analyses, nos propositions et notre démarche stratégique. On retrouve inévitablement des logiques de tendance et l'on finit par débattre plus des interprétations polémiques de chaque texte plutôt que des textes eux-mêmes. Cela nous conduit à faire l'inverse de ce que nous allons faire maintenant, c'est à dire mettre en commun nos intelligences pour en faire le texte le plus juste et le plus opérationnel possible. Pour autant, dans l’Oise, je pense que nous avons réussi à éviter pour l'essentiel cet écueil par exemple, lors de notre assemblée de rentrée avec cette organisation en « ruches » présentant quatre grands thèmes déclinés dans chaque texte, favorisant l'expression de nombreux communistes, bien plus que les autres années, une expérience qui sera donc à renouveler. Nous avons également constaté des débats sereins et constructifs dans les assemblées de section qui se sont tenues, loin du bruit et de la fureur des réseaux sociaux et c’est tant mieux. Il nous faut maintenant rendre notre congrès extraordinaire. Nous n’avons pas besoin d’une révolution de palais qui se transforme en jeu de chaises musicales où il s'agit de tout changer (et surtout de tête-s) pour ne rien changer. Pierre Laurent dans son rapport au dernier Conseil national analyse ainsi le sens du Manifeste, devenue base commune : « Mettre fin à l’effacement du PCF. Affirmer plus fortement le PCF dans son action et dans la conduite de ses choix unitaires ». À partir de cette affirmation portée par notre base commune, tout reste à construire et à discuter, car ce texte que j’ai signé et qui est le reflet de la diversité de ses rédacteurs, est très loin d’être parfait. Nous sommes désormais tous propriétaires et à égalité devant ce texte. Il doit être largement amendé pour refléter l’avis de la grande majorité des communistes. À titre personnel, j’y intégrerai avec plaisir une partie des thèses contenues dans le texte proposé par le Conseil national et qui reste un travail remarquable.
Loïc Pen, secrétaire de la section de Clermont-Liancourt
le 15 October 2018
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