Tout l'après-midi avec les salarié-e-s de Froneri-Nestlé ce dimanche 14 octobre, devant l'usine pour laquelle ils ont tant donné, et que le groupe veut fermer pour accroître encore les dividendes des actionnaires, en délocalisant cette production. Derrière cette terrible loi du profit maximum pour les financiers, ce sont des vies de femmes, d'hommes, des familles que l'on brise : 317 suppressions d'emplois directs sans compter au moins 80 intérimaires et une centaine d'emplois des entreprises sous-traitantes ! C'est pourquoi tout le Beauvaisis doit se mobiliser pour le maintien du site, de la production et des 500 emplois menacés. Et n'oublions pas que Froneri-Nestlé a encaissé depuis des années le CICE (Crédit Impôt Compétitivité Emploi), les exonérations de cotisations sociales, les baisses d'impôt sur les sociétés, tout cela financé avec de l'argent public, notre argent ! Mme Cayeux, maire et présidente de l'agglomération, Mme Lefebvre, Présidente du Département, M. Bertrand, Président de la Région ne peuvent se contenter de sortir les mouchoirs mais ils doivent se mobiliser pour la préservation de ce site industriel rentable et le maintien de tous les emplois. Il faut donner la priorité à « l'humain d'abord », pas aux dividendes des actionnaires.
Depuis jeudi dernier, dès l'annonce brutale de la Direction, je suis en contact avec des salariés de l'entreprise Froneri-Nestlé, auprès desquels j'ai passé une bonne partie de l'après-midi de dimanche, lors de leur première action publique pour poser des banderoles à l'entrée du site « NESTLÉ : NON A LA FERMETURE ! », « USINE RENTABLE : SALARIÉS JETABLES ! » ainsi que des tee-shirts blancs rappelant le drame humain qu'ils vivent avec leur famille.
Je leur ai d'abord témoigné de ma totale solidarité dans cette épreuve, alors qu'ils ont tant donné pour cette usine, et encore tous ces derniers mois, en produisant des quantités record et en consentant des sacrifices de plus en plus grands pour accroitre la productivité.
Il faut d'abord rappelé cette vérité : cette usine produit beaucoup* et rapporte beaucoup** à Froneri et au groupe Nestlé, et le travail des salariés, ceux en CDI mais aussi la centaine d'intérimaires qui travaillent parfois depuis des années sur le site et dont on ne parle jamais, ou encore la centaine de salariés des entreprises sous-traitantes, tout le travail de tous ces salariés a permis d'accroitre les profits et les dividendes des actionnaires.
* Froneri a réalisé 2,5 milliards de chiffres d'affaire en 2017 et Nestlé a réalisé au 1er semestre 2018, 5 milliards de bénéfices nets, en hausse de 19 % !
**La Direction a remercié les salariés lors du CE du 27 août, pour leur engagement exceptionnel et le record de production par exemple pour la production de cônes qui a crevé tous les plafonds avec 1 million de litres.
Il faut rappeler aussi cette autre vérité : les groupes Froneri et Nestlé ont encaissé depuis des années le CICE (Crédit Impôt Compétitivité Emploi : 828 000 euros de CICE, pour Froneri, en 2017), les exonérations de cotisations sociales, les baisses d'impôt sur les sociétés, tout cela financé avec de l'argent public, notre argent !
Et aujourd'hui, dans le cadre d'un monopoly financier, Froneri-Nestlé veut fermer le site pour recentrer ses productions sur d'autres sites, pour gagner encore plus, verser encore plus de dividendes, sans aucun état d'âme pour les salariés qui sont jetés à la rue au bout de 10, 20, 30, 40 ans de boite.
Le premier objectif qui devrait rassembler toutes les forces vives du Beauvaisis, tous les élus, tous les habitants, c'est d'abord d'engager une bataille pour la sauvegarde du site, des productions et de tous les emplois, contre la fermeture d'un fleuron industriel du Beauvaisis, pour interpeller le gouvernement sur l'utilisation de cet argent public versé et qui ne sert au final qu'à liquider des centaines d'emplois pour enrichir encore plus des actionnaires.
J'ai fait part directement à Mme Cayeux, Maire de Beauvais et Présidente de l'Agglomération et Mme Lefebvre, Présidente du Département, venues rencontrer les salariés, de ma stupéfaction que leur communiqué commun avec le Président de Région, entérine d'emblée la liquidation du site et des emplois, et se borne à un « accompagnement social » des licenciés, et à demander à la Direction de « faire preuve d'humanité » (sic Mme Cayeux !).
Les salariés de Froneri-Nestlé n'attendent pas des pouvoirs publics qu'ils « sortent les mouchoirs », ils ne demandent pas l'aumône mais demandent à pouvoir continuer de travailler, pour pouvoir vivre et faire vivre leur famille.
D'autres batailles ont permis à d'autres endroits, avec le soutien des collectivités locales, de préserver ou faire revivre des sites, comme à Carcassonne « la Belle Aude » ou les ex-Fralib à Marseille devenus 1336.
Avec mes amis communistes, avec toute l'équipe de l'Humain d'abord et beaucoup d'autres encore, nous sommes totalement à la disposition des salariés pour cette bataille qui s'engage.
Il n'y a que les batailles que l'on ne mène pas qui sont perdues d'avance.
Thierry Aury - 15 octobre 2018
