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Hommage d'Yvette Cesbron à Viviane Claux - 7 septembre 2018

Yvette Cesbron – 7 septembre 2018

 

 

Pour Viviane.

Notre Parti vient de perdre un de ses membres et il nous reste le souvenir de Viviane. Souvenir grâce aux photos, aux écrits, à  du matériel tel la petite ardoise qu’elle avait accrochée au mur de la fédé et où elle notait à la craie le nombre d’adhésions réalisées dans l’Oise.

J’ai vécu comme un grand honneur d’être sollicitée par Jacques et la famille pour vous offrir  cette allocution,  mais en même temps pour moi c’était comme une évidence. Pourquoi ? Parce que je gardais dans mon souvenir une photo en noir et blanc dans notre journal Oise-Avenir où nous étions, deux jeunes femmes, dans le même article. J’ai retrouvé cet article, nous étions chacune candidate à deux élections différentes, c’était en 1985, c'est-à-dire il y a 33 ans. Dans les autres journaux de cette année-là il est impressionnant de voir que le nombre de femmes militantes qui s’exprimaient était bien moindre que celui des hommes. La parole, les décisions masculines étaient prioritaires, largement et  pourtant Viviane savait se faire entendre de ses camarades de travail, des militants syndicalistes. Sa voix portait.

Aujourd’hui c’est donc une voix de femme qui vous parle et je remercie Thierry notre secrétaire départemental de me laisser la place alors que je sais combien il était attaché à notre camarade Viviane, et qu’il est sensible à toute détresse chez nos camarades.

Viviane fut conseillère municipale à Montataire, conseillère régionale à Amiens où elle s’occupait de formation professionnelle et de contrôle des entreprises qui recevaient des aides financières à condition d’embaucher du personnel. Mais elle fut aussi à l’écoute de l’association Femmes Solidaires, l’aidant dans tous ses projets culturels. J’en profite pour remercier les militantes de Femmes Solidaires car dans les derniers mois de sa maladie Viviane se trouvait bien au milieu  de celles qu’elle appelait ses copines.

Elle fut élue au conseil national de notre Parti et son grand regret fut que la commission chargée du travail en entreprises n’ait pas pu mieux fonctionner. En cela elle préparait notre futur congrès puisque c’est un point important qui sera débattu. Au niveau de notre département, élue au conseil départemental elle était une bonne organisatrice, pour le retour des vignettes de la fête de l’Huma, pour les rentrées des cotisations, pour les contacts téléphoniques avec les camarades. Toujours présente au comité exécutif, elle défendait ses idées avec pugnacité. Là aussi elle préparait notre congrès puisqu’elle nous enrichissait de ses lectures, consciente qu’elle était que les membres de notre classe sociale devaient connaitre la réalité de la classe exploiteuse. Un des exemples est le résumé qu’elle nous a fait du livre de Monique Pinçon-Charlot sur l’univers fermé des très riches.

Mais elle se montrait aussi très tendre. Lorsqu’elle venait avec ses  petits-enfants à la fédé. La petite Lili, le petit Tom puis la petite Stella. Petit Pierre lui est né lorsqu’elle était déjà affaiblie et n’a  pas pu nous faire bénéficier de ces instants.

Car sa vie de militante était aussi une vie de femme, fille, compagne, mère  puis grand-mère. Avec Jacques ils se sont répartis les tâches, permettant à leurs enfants, Élodie et Julien, de grandir en harmonie dans la réalité de notre monde.

Avec Jacques, surtout depuis ce qu’on appelle la retraite, ils allaient assez souvent dans la Lozère et au retour nous avions le compte-rendu d’actions, de débats de camarades habitant à l’autre bout de la France.

Puis il y a eu la maladie. Même à cette période où avec Jacques ils allaient à Amiens pour les soins elle discutait avec les ambulanciers, les conducteurs de taxis des conditions de travail qui étaient les leurs. Toujours dans la réalité de la vie. 

Mais tendresse et écoute peuvent aussi aller avec coups de colère. Je me souviens d’un retour d’une manif à Paris où à la sortie du bus à Montataire nous nous sommes disputées pour savoir si les drapeaux rouges que nous ramenions étaient pour Montataire (Viviane) ou pour la fédé (moi). Deux vraies viragos ! Mais cela correspondait probablement à l’importance que nous attribuions à chaque détail concret de la vie. Très vite notre brouille fut oubliée, ou tout au moins disparut au profit d’actions plus intéressantes !

Jacques, les enfants, madame sa mère, je voudrais vous dire toute l’affection, toute l’admiration que nous tous, vos camarades, voulons vous transmettre en ce jour de deuil.

Quand viendra mon tour, Viviane, de six ans ma cadette, ne sera pas là. C’est injuste, la maladie en a décidé autrement, mais je suis heureuse de pouvoir témoigner sur une femme que j’associe à un texte découvert dans l’Humanité Dimanche du 30 août, page 82, intitulé « De l’amour après la révolution ». C’est une lettre d’Alexandra Kollontai, écrite en 1923 dont voici quelques extraits : « Cette recherche dans la république des soviets des nouvelles formes à donner aux richesses intellectuelles de l’humanité embrasse inévitablement la sphère des sentiments amoureux. On observe un réveil d’intérêt à l’égard de la psychologie du sexe, du problème de l’amour. Ce côté-là de la vie touche plus ou moins chaque individu »….et plus loin : « Quelque grand que soit l’amour unissant deux individus de sexe différent, quelques nombreux que soient les liens de cœur et d’esprit existant entre eux, les mêmes liens avec la collectivité doivent être plus forts et  plus nombreux et pour ainsi dire plus organiques ».

Voilà aujourd’hui, nous les camarades du Parti et nos amis, nous avons envie de vous dire « Nous vous aimons ».

Yvette.

 
 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)