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Intervention de Catherine Dailly sur la consultation du Plan Régional de Santé - Conseil départemental de l'Oise, 14 mai 2018

Commission permanente du 14 mai 2018

Intervention de Catherine Dailly (Groupe Communiste et Républicain)

Il nous est demandé de nous prononcer sur un Plan Régional de Santé qui va définir les politiques à venir en matière de santé pour 10 ans et ce en nous communiquant les dossiers seulement 48 h avant. À croire que finalement les questions de santé publique ne doivent pas être discutées, débattues et décidées par l’ensemble des citoyens concernés mais ne relèveraient que de l’A.R.S.

Qui vu les méthodes démocratiques employées se considère comme seule capable à juger de ce que nous voulons en terme de santé publique.

Je rappelle tout de même le contexte, ce sont les fortes mobilisations à travers tout le pays dans la psychiatrie, les EHPAD, les Urgences, les hôpitaux de proximité qui voient leurs services fermer les uns après les autres qui ont amené le Premier ministre le 12 février dernier à annoncer un plan d’urgence pour l’hôpital et 5 chantiers pour transformer le système de santé.

Nous avons sollicité des Professionnels de santé afin de nous aider à déchiffrer ces documents très difficiles à lire pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec les questions de santé publique, même pour les initiés. Maintenir le flou parfois cela arrange.

Les objectifs sanitaires sont louables, font une large place à la précarité et aux problèmes de santé additifs liés à celle-ci. Bien entendu, la nature des divers obstacles à l'accès aux soins, du chômage de courte ou longue durée à la raréfaction des services de proximité, n’est quant à elle jamais évoquée.

On ne peut que partager les objectifs de santé publique (surtout déclinés dans le COS et le PRAPS).

Cependant, derrière un verbiage de bonnes intentions, enveloppé de coordination, coopération, collaboration, ces PRS concoctés sans qu’il y ait eu véritablement débat ne sont que les déclinaisons de la stratégie nationale de santé qui vise à poursuivre les économies en adaptant « la demande à  l’offre », plutôt que de répondre aux besoins des populations. Nous voyons bien où nous ont menés toutes ces politiques d’austérité depuis 30 ans. Dans le mur. Il s’agit de laisser libre court à l’initiative privée, plutôt que de développer le service public que ce soit dans la santé ou le social, développer la chirurgie ambulatoire en lien avec des opérations de regroupements hospitaliers au détriment de la proximité. (Nous ne manquons pas d’exemples concrets – regroupement Creil-Senlis, et maintenant fermeture des maternités y compris Clermont, dont la fermeture est confortée dans le PRS). À noter que le taux de chirurgie ambulatoire est nettement plus élevé que la moyenne nationale dans les Hauts-de-France. Les orientations en psychiatrie ne semblent pas du tout aller dans le sens de renforcer les CMP et les hôpitaux de jour, c'est-à-dire la psychiatrie publique territorialisée.

Il n’est fait état que d’interventions médico-sociales dont la mission n’est qu’une mission d’appui et non d’une véritable prise en charge psychiatrique. La psychiatrie décentralisée c’est-à-dire de secteur régresse pour une grande préoccupation des tutelles.

Nous ne pouvons que regretter par ailleurs, le manque de visibilité et de prospective sur les moyens financiers ne permettant pas de mesurer le niveau d’ambition et de faisabilité de ce PRS.

Qu’il s’agisse des PRS 1 de Mme Bachelot ou des PRS 2 de Mme Buzyn, ils font des diagnostics sur lesquels nous ne pourrions qu’être d’accord, mais l’un comme l’autre sont marqués par le sceau de l’austérité publique.

Nous vous demandons, Mme la Présidente du Conseil Départemental, de permettre à ce qu’il y ait un vrai débat avec les personnels et professionnels de santé, les élus, les usagers, il faut supprimer le numerus clausus dont nous payons aujourd’hui les conséquences (plus de médecins en nombre suffisant), supprimer la tarification à l’acte qui plombe les recettes des hôpitaux, instaurer un moratoire sur les restructurations hospitalières, favoriser la création des centres de santé, donner des moyens nouveaux aux hôpitaux par un prélèvement sur les revenus financiers des entreprises et des cotisations modulées... Il faut la mise en place d’un véritable Plan d’urgence pour l’hôpital public.

 

 
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)