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20171025-L'Huma-France-Budget : « l'Humain d'abord » contre « la finance d'abord »

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Budget. « L’Humain d’abord » contre « la finance d’abord »

Aurélien Soucheyre, 25 octobre 2017

 

Les députés PCF ont présenté hier un contre-budget dans le but de prouver que la purge antisociale imposée par le gouvernement n’a rien d’obligatoire ou de pragmatique, et que d’autres choix sont possibles.

L’Assemblée nationale a été hier le théâtre d’événements inédits. Le matin, les onze députés communistes ont fait bloc en point presse afin de présenter un contre-budget radicalement différent de celui du gouvernement. L’après-midi, les députés LREM ont, eux, tenu leur tout premier point presse – il était temps – depuis le début de la législature dans le but de défendre leur action. Entre les deux, deux visions du monde et deux visions des textes budgétaires votés hier dans l’Hémicycle. « Le budget du gouvernement est au bonheur des riches. Il est fait par les riches et pour les riches. Aucun gouvernement, même de droite, n’est jamais allé aussi loin. Eux, c’est la finance d’abord. Nous, c’est l’humain d’abord. Notre budget va leur faire beaucoup de mal, car il prouve qu’un autre chemin est possible ! » lance d’emblée Fabien Roussel, député PCF du Nord.

Une taxe sur le chiffre d’affaires des grands groupes

Afin de ne laisser aucun argument à la majorité, les députés PCF se sont même astreints à respecter la règle européenne d’un déficit à 3 % du PIB au maximum, derrière laquelle se réfugie l’exécutif pour imposer l’austérité. « Cette règle n’est qu’un prétexte pour baisser la dépense publique, mettre en concurrence les entreprises et vendre une part de nos services publics au marché. Même en visant un déficit à 0 % du PIB pour 2022, il est inutile de tout sacrifier à l’austérité », précise le parlementaire. Quelle est la recette ? Là où le gouvernement se prive de 8,4 milliards d’euros en se livrant à des cadeaux pour les plus riches, les communistes reprennent tout (3,2 milliards d’euros de suppression de l’ISF, 1,9 milliard lié au PFU, 2 milliards de baisse de la taxe sur les transactions financières, 1,2 milliard de baisse du taux de l’impôt sur les sociétés, et 100 millions de suppression de la taxe sur les salaires de plus de 152 000 euros par an). Ils récupèrent également les 4 milliards alloués au renforcement de l’arme nucléaire, et même 28 milliards de plus en supprimant Cice et « niches fiscales inefficaces ». Enfin, ils vont chercher 6 milliards avec une taxe sur le chiffre d’affaires des grands groupes, 5,8 milliards en renforçant la fiscalité sur les dividendes et les revenus financiers, 1,8 milliard avec un impôt sur les géants du numérique, et même 7 milliards grâce à un plan national de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, pensé pour récupérer entre 30 et 40 milliards sur le quinquennat.

Trois priorités : emploi, justice fiscale et pouvoir d’achat

Tout cela permet de constituer une cagnotte de 61 milliards d’euros par an, que le gouvernement refuse de constituer au motif que les plus riches et les grandes entreprises sont les mieux placés pour les « réinvestir » dans l’économie réelle. « L’argent coule à flots dans notre pays, mais toujours au profit des mêmes privilégiés, en circuit fermé. Ce n’est plus tenable », répondent les communistes. C’est pourquoi ils proposent de le prendre là où il est, avant de l’utiliser pour « répondre aux besoins des concitoyens », en visant trois priorités : « Emploi, justice fiscale et pouvoir d’achat. » 8 milliards sont ainsi prévus en soutien aux TPE, PME, à l’artisanat et à l’industrie, avec des engagements en contrepartie, loin du chèque en blanc du Cice. « Nous voulons épargner les entreprises qui investissent et embauchent, et taxer celles qui spéculent », développe Fabien Roussel. Partant du constat que la dépense publique permet à la fois de créer des services, mais aussi de soutenir l’activité économique et l’emploi, les députés PCF proposent un plan de 10 milliards d’euros pour les collectivités locales sur cinq ans, là où le gouvernement veut leur retirer 13 milliards. Cette option permettrait de transformer les emplois aidés en emplois pérennes, plutôt que de les supprimer. Ils souhaitent aussi investir 2,5 milliards dans le logement social, là où l’exécutif veut retirer 1,8 milliard de crédits, en plus de baisser les APL.

Pas moins de 28 milliards d’euros dans ce contre-budget sont consacrés à faire baisser la TVA à 19 % et celle sur les produits de première nécessité en dessous de 5 % (en visant à terme 0 %). Le rétablissement de la demi-part des veuves et des veufs est aussi de la partie. Un rehaussement des pensions de retraite à 1 000 euros au minimum est proposé, tout en annulant la hausse de la CSG. Le point d’indice des fonctionnaires est augmenté avec 2 milliards, 5 autres viennent soutenir l’école et 10 sur cinq ans sont consacrés à l’agriculture, l’environnement et les transports. Enfin, 6,5 milliards sont fléchés vers la santé et la Sécurité sociale, là où le gouvernement veut casser cette « propriété commune », selon Pierre Dharréville, et lui retirer 4,2 milliards de budget, en plus d’augmenter le forfait hospitalier. En outre, les communistes défendent aussi une échelle des salaires de 1 à 20 en entreprise et une hausse du Smic.

Richard Ferrand réfute que son budget soit pour les plus riches

« On le voit bien, une autre voie est possible, insiste le député PCF Jean-Paul Dufrègne, au lieu de quoi le gouvernement signe un chèque en blanc aux plus riches et à l’économie spéculative. » Même constat du côté de la France insoumise, qui présentera à son tour un contre-budget, le 2 novembre. « Pas une fois le capitalisme ne s’est régulé, gendarmé, sans être contraint par la puissance publique », a insisté hier Éric Coquerel. Le mouvement, en conformité avec son programme l’Avenir en commun et avec les amendements présentés, devrait proposer la création d’un impôt universel et la mise en place de 14 tranches d’imposition (le PCF en propose 9). L’impôt serait ici payé symboliquement dès le premier euro de revenu, puis de plus en plus élevé, proportionnellement aux richesses, là où le gouvernement veut casser cette progressivité puisque seuls les plus fortunés pourront accéder au plus bas des taux, situé à 12,8 %. Un cadeau, voté comme la suppression de l’ISF entre vendredi et samedi, durant « la nuit des privilèges », selon le député PS Boris Vallaud (le groupe Nouvelle Gauche a lui aussi proposé un contre-budget, principalement composé d’amendements de suppression des mesures les plus antisociales).

Autant de critiques, à gauche, qui n’ont pas ému Richard Ferrand, président du groupe LREM, lors de son premier point presse à l’Assemblée. « Il n’y a pas un gouvernement qui soit assez stupide pour consacrer un budget aux plus riches. Ça n’a pas de sens », a-t-il plaidé. « Ce que nous voulons, c’est que notre pays soit plus attractif pour les investissements privés. (…). Notre budget est un budget pour l’investissement et pour le pouvoir d’achat. Tout ce que l’on fait, c’est pour augmenter le salaire net. Pour muscler la feuille de paie et alléger la feuille d’impôt », a-t-il ajouté. Pourtant, augmenter le salaire net et augmenter le pouvoir d’achat sont deux choses différentes, à plus forte raison quand on prend d’une main ce que l’on donne de l’autre. « Quand on fait la somme de toutes les mesures antisociales, des cotisations sociales amputées, des tarifs qui vont augmenter pour la santé, le logement, la vie de tous les jours avec la purge contre les collectivités, le compte n’y est pas. C’est même l’inverse », accusent les députés PCF.

 

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le 30 October 2017

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